Publié le : 28/11/25 9:20 AM
C’est devant le Parlement que, Joseph Dion Ngute a présenté les orientations fondamentales qui devraient encadrer le budget 2026. Une intervention qui marque le début d’une série de présentations qui aboutira à la validation du projet de loi de finances, guide de la politique économique et sociale du pays face aux turbulences mondiales et aux ambitions nationales.
Le Chef du Gouvernement a planté le décor, en soulignant que le projet de loi de finances pour l’exercice 2026 a été élaboré dans un contexte international marqué par une persistance des chocs économiques, géopolitiques et sanitaires. Ces facteurs, outre leur volatilité, continuent de peser sur les économies mondiales et, par ricochet, sur celle du Cameroun. Sur le plan national, malgré ces défis, le projet anticipe une amélioration de la trajectoire de croissance. L’économie du pays devrait connaître une croissance de 4,3% en 2026, un chiffre supérieur aux 3,9% estimés pour l’année 2025. Cette progression serait principalement soutenue par la vigueur du secteur non pétrolier, qui représente un pilier stratégique pour la diversification économique. À l’inverse, le secteur pétrolier, sujet aux fluctuations des marchés mondiaux, connaîtrait une légère contraction de -0,1% en 2026. Parallèlement, le gouvernement affiche une volonté de maîtriser l’inflation, projetant un recul à 3% en 2026, contre 3,2% attendus pour 2025, signe d’une politique monétaire et budgétaire visant la stabilité des prix.
L’ampleur des ambitions de l’État pour 2026 se reflète dans les chiffres clés du budget. Celui-ci s’équilibre en ressources et en emplois à la somme de 8 816,4 milliards FCFA. Cette enveloppe représente une augmentation significative de 1 080,5 milliards FCFA en valeur absolue, soit une hausse notable de 14,0% par rapport au budget de 7 335,9 milliards FCFA de 2025. Le budget général, qui constitue le cœur des dépenses et recettes de l’État, est projeté à 8 683,9 milliards FCFA. Il enregistre une hausse de 1 014,9 milliards FCFA (+13%) par rapport à 2025, où il s’élevait à 7 669,0 milliards FCFA. Les Comptes d’Affectation Spéciale, instruments financiers dédiés à des projets spécifiques, voient leur budget augmenter, passant de 66,9 milliards FCFA en 2025 à 132,5 milliards FCFA en 2026, soit une croissance de 98,1% (+65,6 milliards FCFA). Cette forte augmentation souligne l’importance accordée à des secteurs ou programmes spécifiques nécessitant des financements dédiés et accrus.
Structuration du budget 2026
Concernant la structuration du budget général pour 2026, les recettes internes sont évaluées à 5 887,0 milliards FCFA, révélant une progression de 452,2 milliards FCFA (+8,3%) par rapport à l’année précédente. Ces recettes se répartissent entre les recettes pétrolières et gazières (523,7 milliards FCFA), les recettes fiscales et douanières (4 889,5 milliards FCFA) qui constituent la majeure partie des ressources mobilisées, les recettes non fiscales (400,0 milliards FCFA), et enfin les dons (73,8 milliards FCFA). Cette ventilation met en exergue le rôle central de la mobilisation fiscale et douanière pour le financement des programmes de l’État.
Du côté des dépenses, le budget 2026 hors principal de la dette s’élève à 6 210,5 milliards FCFA. Ceci représente une augmentation de 564,2 milliards FCFA (soit 10,0%) par rapport à 2025. La ventilation par grandes masses révèle des postes de dépenses cruciaux : les dépenses de personnel s’élèvent à 1 625,4 milliards FCFA ; celles relatives aux biens et services atteignent 1 206,0 milliards FCFA ; les transferts et subventions représentent 820,3 milliards FCFA ; la charge des intérêts de la dette est de 532,5 milliards FCFA ; et enfin, les dépenses d’investissement, cruciales pour le développement futur, s’élèvent à 2 026,3 milliards FCFA. Il est à noter que le Budget d’Investissement Public (BIP) représente 35,7 % des dépenses primaires en 2026, contre 35,5% en 2025. Cependant, sa part dans le budget total de l’État diminue légèrement, passant de 24,2% en 2025 à 22,8% en 2026, une évolution à suivre quant à son impact sur les projets de développement nationaux.
Le budget 2026 présente un solde global déficitaire, une situation qui s’accentue par rapport à 2025. Le déficit global s’établit à 631,0 milliards FCFA, contre 309,9 milliards FCFA en 2025, traduisant ainsi un net accroissement du besoin de financement budgétaire de l’ordre de 327,1 milliards FCFA. Au-delà de ce déficit structurel, le gouvernement devra également faire face à d’autres charges de financement d’une ampleur considérable : l’amortissement de la dette intérieure et extérieure est évalué à 1 870,6 milliards FCFA ; le remboursement des crédits de TVA s’élève à 84,0 milliards FCFA ; le règlement des arriérés intérieurs est prévu à 498,8 milliards FCFA ; et enfin, les sorties nettes de trésorerie sont estimées à 20,0 milliards FCFA. Ces engagements cumulés portent le besoin de financement global de l’État pour l’exercice 2026 à environ 3 104,2 milliards de FCFA, soit une augmentation substantielle de 777,5 milliards FCFA par rapport aux 2 326,5 milliards FCFA de 2025.
Pour satisfaire ce besoin de financement accru, le gouvernement a esquissé une stratégie diversifiée. Les sources mobilisées incluront des tirages sur prêts-projets (826,7 milliards FCFA), l’émission de titres publics (400,0 milliards FCFA), des financements bancaires (589,7 milliards FCFA), des appuis budgétaires conjoints (120,0 milliards FCFA), des financements exceptionnels (167,8 milliards FCFA), et des emprunts extérieurs (1 000 milliards FCFA). Cette panoplie de ressources vise à assurer la couverture des engagements et à soutenir la réalisation des programmes de développement prévus.
En clair, le projet de loi de finances 2026, au-delà de l’inscription de mesures nouvelles et ciblées en matière fiscale, douanière et non fiscale, se veut un instrument stratégique pour naviguer dans un environnement économique complexe. Joseph Dion Ngute souligne que ce projet réaffirme l’engagement du gouvernement à soutenir la croissance, maîtriser l’inflation et assurer le développement à travers une allocation budgétaire revue à la hausse, tout en faisant face aux besoins de financement croissants, nécessitant une gestion prudente et une mobilisation diversifiée des ressources.