Ministère des Finances du Cameroun

LA DIRECTION GENERALE DU BUDGET

11ième Session du Comité Chargé du Suivi des Appuis Budgétaires Sectoriels du 3ième C2D au titre du triennat 2023-2025

Sous la présidence de Madame BOUMSONG Sophie, représentante du Directeur Général du Budget (DGB), Président du Comité de pilotage des ABS, il s’est tenue ce jeudi 4 décembre 2025, à l’hôtel Hilton de Yaoundé, la 11ème session du Comité Chargé du Suivi des Appuis Budgétaires Sectoriels du 3ième C2D au titre du triennat 2023-2025.

L’objectif de cette rencontre portait sur deux points essentiels à savoir : l’évaluation de la mise en œuvre de l’ABS pour l’exercice 2025 soit la dernière année du triennat 2023-2025 et les perspectives avec les notes de budgétisation 2026 au compte du biennal 2026-2027.

En termes de bilan pour l’année 2025, les administrations bénéficiaires à savoir le MINSANTE et le MINEDUB ont présenté un état des lieux globalement satisfaisant sous réserve de la consolidation du rapport général avec les dernières données du mois de décembre et éventuellement de la période complémentaire de la loi de finances 2025 qui pourrait s’étendre jusqu’en février 2026 le cas échéant. Dans la même dynamique, sous l’encadrement de l’instance de pilotage des ABS, une mission de terrain a permis la production d’un documentaire sur les réalisations des programmes d’Appuis Budgétaires Sectoriels (ABS) du 3ème Contrat de Désendettement et de Développement (C2D) de 2017 à 2025 dans l’optique de toucher du doigts les réalisations auprès des bénéficiaires. Le présent documentaire pourrait être disponible au premier trimestre 2026 dans le sillage des activités de clôture des trois cycles d’ABS depuis 2017.

En ce qui concerne les notes de budgétisation 2026 dans le cadre de l’ABS biennal 2026-2027, si l’on s’est satisfait d’une bonne programmation en ce qui concerne le MINSANTE, il est important de relever la survenue d’une erreur matérielle pour le MINEDUB (sous-évaluation). Ce qui ne lui permettrait pas de recevoir l’enveloppe globale prévue pour la réalisation de ses activités. Toutefois, les membres du Comité ont exploré les pistes de solution pour palier à cette difficulté avec en viseur le correctif budgétaire courant 2026. 

D’une manière générale, le triennat 2023-2025 tire à sa fin sur une note de satisfaction générale de toutes les parties prenantes. Le lancement effectif du biennal 2026-2027 est attendu en début d’année 2026 avec la signature de la convention d’affectation par la partie Camerounaise et Française.  

Nouvelle Taxe sur les Bouteilles de Gaz Domestique Importées : Le Cameroun Accentue sa Stratégie d’Import-Substitution

Dès 2026, le paysage de l’approvisionnement en gaz domestique au Cameroun sera marqué par une évolution significative : une nouvelle taxe de 12,5% sur le droit d’accises sera appliquée aux bouteilles de gaz domestique importées. Cette mesure, inscrite dans la dernière loi de finances adoptée par les parlementaires, vise explicitement à stimuler la production nationale et à offrir un avantage concurrentiel décisif aux industriels locaux.

Cette disposition fiscale pourrait redessiner le marché, traditionnellement dépendant des importations, et s’inscrit résolument dans la politique d’import-substitution que le gouvernement camerounais s’emploie à renforcer depuis plusieurs années. Le texte de loi, transmis à l’Assemblée nationale le 26 novembre 2025, stipule que \ »les bouteilles à gaz domestique vides importées sont soumises au droit d’accises ad valorem au taux réduit de 12,5% ». En l’absence de modifications futures, cette taxe renchérira mécaniquement le coût des importations. L’objectif est clair : dissuader les distributeurs et négociants de recourir au marché extérieur, favorisant ainsi le captage d’une part conséquente du chiffre d’affaires annuel estimé à environ 8 milliards de FCFA, généré par les quelques 440 000 bouteilles de gaz domestique importées chaque année, selon les estimations du Groupement des professionnels du pétrole (GPP).

L’initiative locale encouragée

Cette incitation fiscale intervient dans un contexte d’émergence progressive d’une filière de production locale. Jusqu’en 2021, le Cameroun dépendait entièrement des importations pour ses bouteilles de gaz domestique. Le paysage a commencé à changer à partir de 2022, lorsque Prometal Groupe, acteur majeur de la transformation de l’acier en Afrique centrale, a lancé la première production de bouteilles « made in Cameroun », issues d’une usine moderne implantée dans la zone industrielle de Douala-Bassa. Cet investissement colossal, évalué à 12 milliards de FCFA, a doté le pays d’une capacité de production annuelle de 600 000 bouteilles. Cette capacité excède déjà la demande nationale officielle, qui se situe officiellement entre 450 000 et 500 000 unités, ouvrant ainsi de potentielles perspectives d’exportation d’au moins 100 000 bouteilles par an une fois le marché intérieur saturé.

L’écosystème local tend à se densifier et à se diversifier. Outre l’usine de Prometal Groupe, des sources font état de l’implantation d’une unité de production chinoise dans la zone industrielle de Bonabéri à Douala. Parallèlement, en début 2022, l’Agence de promotion des investissements (API) a officialisé la signature d’une convention avec la société Africa Cylinder Company Sarl. Cette entente porte sur la construction d’une unité de production de bouteilles de gaz, tant domestique qu’industriel, également à Douala, pour un investissement annoncé de 4 milliards FCFA. Cependant, les détails sur l’avancement de ce projet demeurent discrets.

Malgré ces dynamiques, le parcours de certains acteurs a été moins linéaire. En 2021, Akeno SA avait suscité un certain engouement en annonçant l’arrivée prochaine sur le marché local de ses premières bouteilles de gaz domestique translucides, issues d’une usine dont la construction avait débuté en 2018, en périphérie de Yaoundé. L’entreprise s’était engagée à atteindre une capacité de production annuelle de 350 000 bouteilles. Quatre ans plus tard, les volumes promis ne se sont pas encore matérialisés de manière significative dans les points de distribution à travers le pays, illustrant les défis inhérents à la montée en puissance industrielle.

La décision gouvernementale de durcir les conditions d’importation s’aligne donc fermement sur la stratégie d’import-substitution. Cette politique, conçue pour réduire la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs, cherche à dynamiser la production locale par des mesures réglementaires et fiscales ciblées. Les effets attendus de cette démarche sont multiples et ambitieux : création de valeur ajoutée et d’emplois grâce à une offensive industrielle soutenue, amélioration de la balance commerciale par la diminution des importations, accroissement des recettes fiscales pour le Trésor public, et ouverture de nouveaux débouchés à l’exportation. Si la nouvelle taxe atteint ses objectifs, elle pourrait marquer un tournant décisif pour l’industrie des bouteilles de gaz au Cameroun, renforçant son autonomie et sa compétitivité.

COPPE : L’État toujours engagé dans la lutte contre les « personnels fantômes »

Dans le cadre d’une démarche visant à assainir les finances publiques et à optimiser la gestion des ressources humaines de l’État, l’Opération de Comptage Physique des Personnels de l’État (COPPE) continue de produire des résultats significatifs, témoignant d’une volonté gouvernementale affirmée dans la lutte contre les anomalies au sein de la fonction publique. Cette initiative, menée conjointement par le Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative (MINFOPRA) et le Ministère des Finances via la Direction Générale du Budget, a franchi des étapes cruciales, comme l’a souligné le Ministre Joseph Le lors de son passage devant les députés de l’Assemblée Nationale le 27 novembre 2025.

 Les révélations faites lors de cette session parlementaire mettent en lumière l’ampleur des irrégularités découvertes et l’efficacité de l’opération pour y remédier, notamment par un traitement rigoureux des dossiers disciplinaires et des radiations de personnel. La portée de cette opération de nettoyage du fichier solde dépasse la simple correction administrative ; elle se présente comme un pilier central de la gouvernance économique, de la transparence budgétaire et de la modernisation de l’administration publique camerounaise. L’enjeu de cette opération est d’une importance capitale pour les finances publiques du Cameroun. La présence d’« agents fantômes » ( des individus inscrits sur les listes de paie mais absents de leur poste) alourdit considérablement la part du budget de l’État consacrée à la masse salariale. Cette situation engendre une dépense inutile qui limite drastiquement les marges de manœuvre budgétaires disponibles pour d’autres priorités, notamment pour de nouveaux recrutements nécessaires au bon fonctionnement des services publics, ou pour l’investissement dans des secteurs stratégiques. Assainir la masse salariale permet de libérer des ressources précieuses, d’assurer que les fonds publics sont utilisés à bon escient et de renouveler les équipes avec des compétences adaptées aux besoins actuels

Lumière sur les chiffres de 2025

L’Opération de Comptage Physique des Personnels de l’État (COPPE), d’une importance capitale pour la santé financière du pays, a permis à ce jour de traiter plus de 8 000 dossiers disciplinaires. Cette démarche proactive dans l’identification et la sanction des irrégularités se traduit par des mesures concrètes et substantielles. Parmi le volume impressionnant de dossiers examinés, plus de 5 000 procédures disciplinaires ont été engagées. Ces procédures se répartissent stratégiquement : plus de 5 000 procédures visent spécifiquement des fonctionnaires, tandis que plus de 3 000 s’adressent à des agents de l’État relevant du Code du travail. Une catégorie plus restreinte, mais non moins importante, concerne 24 personnels relevant du régime de solde globale. Cette photographie précise de la masse salariale a déjà conduit à des économies substantielles, permettant au Cameroun de consolider ses efforts dans la lutte contre le phénomène des « personnels fantômes », un fléau qui a longtemps pesé sur les finances publiques sans contrepartie productive.

Les chiffres communiqués par le Ministre de la Fonction publique expriment la gravité de la situation : « à ce jour, 5 936 agents publics ont été radiés des effectifs de l’État ». Cette radiation massive n’est pas une mesure arbitraire, mais la conséquence directe d’une enquête approfondie sur les Présences et une gestion rigoureuse des fichiers du personnel. Elle se décompose en 2 965 fonctionnaires révoqués, une sanction disciplinaire suprême pour des manquements graves, et 2 971 agents de l’État relevant du Code du travail, qui ont été licenciés. Ces mesures disciplinaires s’inscrivent dans une politique gouvernementale plus large de nettoyage et de fiabilisation du fichier solde de l’État, une initiative indispensable pour rétablir l’équité et l’efficacité au sein de la fonction publique.

D’ailleurs, cette nouvelle vague de sanctions n’est pas un événement isolé. Elle prolonge la mise en œuvre de décisions antérieures ; en mars 2025, le même ministre avait déjà annoncé la révocation d’une première vague de 232 fonctionnaires. Ces actions concertées démontrent la persistance de l’engagement des autorités à assainir les effectifs, une mission qui a débuté concrètement avec le lancement de l’opération COPPE en 2018. L’objectif principal de cette opération initiée il y a plusieurs années est clair : fiabiliser le fichier solde de l’État et, par extension, assainir les effectifs de la fonction publique pour garantir une gestion plus saine des deniers publics.

Les données collectées par la COPPE révèlent des situations particulièrement préoccupantes. Il est rappelé qu’en juin 2022, le Ministre de la fonction publique avait déjà alerté sur le fait que 8 766 agents de l’État se trouvaient alors sous la menace d’un licenciement. À l’époque, des demandes d’explications formelles leur avaient été adressées afin qu’ils justifient leurs absences prolongées ou leur non-présentation à leur poste. Cependant, une grande partie de ces agents n’ont jamais répondu à ces sollicitations, laissant planer le doute : « Soit ils sont décédés, soit ils sont partis ailleurs. Nous avons l’obligation, soit de licencier en ce qui concerne les contractuels de l’administration, soit de révoquer s’agissant des fonctionnaires », avait expliqué le ministre. Cette absence de justification, face à un engagement de service public, contraint l’administration à prendre des mesures disciplinaires sévères. Les radiations déjà opérées, totalisant 5 936 agents, ne marquent pas la fin du processus de nettoyage du fichier solde. Au contraire, elles s’inscrivent dans un mouvement de fond et plus large d’assainissement des effectifs administratifs. Le processus reste dynamique, et il est probable que de nouvelles décisions disciplinaires soient prises à mesure que les dossiers encore en instance seront instruits et finalisés. L’administration démontre ainsi une application rigoureuse des règles et une volonté de fermeté face aux dysfonctionnements constatés.

Au-delà de la simple dimension disciplinaire des sanctions, le chantier COPPE engage fondamentalement la crédibilité de la dépense publique et l’efficacité de l’action de l’État. L’enjeu majeur et à long terme réside dans la capacité de l’administration à transformer concrètement ces radiations en économies effectivement constatables sur la masse salariale. Ces économies libérées devraient ensuite pouvoir être redéployées vers les secteurs prioritaires identifiés par le gouvernement, renforçant ainsi l’impact des dépenses publiques sur le développement national. La pleine réussite de l’opération COPPE dépendra invariablement, non seulement de la rigueur dans l’application des sanctions, mais surtout de la capacité de l’administration à pérenniser ces acquis. Cela implique de fiabiliser durablement son fichier solde, de moderniser les outils de suivi et de contrôle de la présence des agents, et d’articuler intelligemment cet assainissement des effectifs avec une stratégie de recrutement plus sélective, mieux planifiée et alignée sur les besoins réels de l’État et le développement des services publics.

Loi des Finances 2026 : Lumière sur la hausse de l’enveloppe budgétaire

C’était devant la Commission des Finances et du Budget de l’Assemblée Nationale qui s’est réunie le 27 novembre 2025, dans le cadre de la session budgétaire, que le Ministre des Finances, Louis Paul Motaze a justifié la projection de la nouvelle enveloppe budgétaire, par une conjonction de facteurs économiques, d’engagements présidentiels forts et d’une volonté de relance ciblée.

Dans l’exercice d’accompagnement des administrations pour défendre leurs budgets, Le Ministre des Finances a levé le voile sur les origines et les caractéristiques de la hausse de l’enveloppe budgétaire relative au projet de Loi de Finances 2026, objet de débat. Une augmentation notable qui, Comme dit précédemment, trouve son explication dans une conjonction de facteurs économiques, d’engagements présidentiels forts et d’une volonté de relance ciblée, qui souligne par ailleurs l’activité économique du pays et les priorités gouvernementales pour les années à venir, notamment en faveur des jeunes et des femmes, tout en envisageant une action résolue sur la dette intérieure.

L’ampleur des ambitions de l’État pour l’exercice 2026 se reflète de manière frappante dans les chiffres clés du budget. Celui-ci s’équilibre en ressources et en emplois à la somme de 8 816,4 milliards FCFA. Cette enveloppe représente une augmentation substantielle de 1 080,5 milliards FCFA en valeur absolue, soit une hausse notable de 14,0% comparée au budget de 7 335,9 milliards FCFA de 2025. Au cœur de cette projection, le budget général, qui constitue le principal instrument des dépenses et recettes de l’État, est projeté à 8 683,9 milliards FCFA. Il enregistre ainsi une hausse de 1 014,9 milliards FCFA, soit 13%, par rapport à 2025, où il s’élevait à 7 669,0 milliards FCFA. Parallèlement, les Comptes d’Affectation Spéciale, des instruments financiers dédiés à des projets spécifiques et stratégiques, voient leur budget augmenter, passant de 66,9 milliards FCFA en 2025 à 132,5 milliards FCFA en 2026, marquant une croissance exponentielle de 98,1%, soit une hausse en valeur absolue de 65,6 milliards FCFA. Cette forte augmentation souligne l’importance accordée à certains secteurs ou programmes spécifiques nécessitant des financements dédiés et accrus pour leur développement.

Concernant la structuration du budget général pour 2026

Les recettes internes sont évaluées à 5 887,0 milliards FCFA, révélant une progression de 452,2 milliards FCFA, soit 8,3%, par rapport à l’année précédente. Du côté des dépenses, le budget pour 2026, hors principal de la dette, s’élève à 6 210,5 milliards FCFA. Ceci représente une augmentation de 564,2 milliards FCFA, soit 10,0%, comparativement à 2025. Ces chiffres témoignent d’une dynamique économique soutenue et d’une capacité accrue à mobiliser des ressources propres.

Confronté aux interrogations des parlementaires, Louis Paul Motaze a apporté des éclaircissements essentiels sur les fondements de cette augmentation budgétaire : « Nous étions avec les députés de la commission des finances pour examiner ce qui pourrait être le budget de l’État de l’année 2026. Comme vous l’avez dit, il a augmenté, il a augmenté parce que quoi qu’on dise, l’activité est là et le Cameroun se porte plutôt bien même s’il peut se porter mieux\« , a-t-il affirmé, posant d’emblée le contexte d’une économie en mouvement. Il a ensuite mis en lumière l’influence directe des engagements pris par le Chef de l’État. « La deuxième chose, c’est que le Chef de l’État a pris un certain nombre d’engagements devant le Peuple, le 6 novembre, et il était normal que le gouvernement traduise dans le budget de l’exercice prochain cette volonté forte du Chef de l’État, notamment en faveur des jeunes, en faveur de l’autonomisation des femmes. Donc, il y a des crédits prévus pour ces opérations-là »

Le Ministre a insisté sur le caractère concret de cet accroissement budgétaire, réfutant l’idée d’une décision arbitraire. « Si nous allons à un budget de plus de 8 800 milliards de FCFA, ça veut dire qu’il y a quand même une activité. Le budget que nous faisons ne se prend pas par décret. On ne s’arrête pas dans un bureau pour dire qu’on le met à 10 000 milliards, 20 000 milliards ou 50 000 milliards, non. On met des choses parce qu’on sait qu’on va les réaliser ».  Il a expliqué que la projection des recettes internes, issues des impôts, de la douane et des ressources non fiscales, résultait d’un travail participatif et d’une analyse fine, avec la contribution des secteurs public et privé. « Que ce soit le Directeur Général des impôts ou celui des douanes, tous ont travaillé avec le secteur privé. Et avec des efforts de digitalisation que nous menons dans ces administrations, nous avons effectivement une évolution tendanciellement à la hausse des recettes fiscales. Avec ces recettes, on peut faire face à nos dépenses ».

Louis Paul Motaze a également insisté sur le fait que le gouvernement se concentrerait sur  les défis et  obstacles au développement. « Maintenant, pour l’année prochaine, il est normal qu’on se penche beaucoup plus sur ce qui nous apparaît comme des freins au développement, c’est-à-dire des choses qui ne nous permettent pas d’aller aussi vite et aussi loin que nous le souhaiterions. Au Ministère des finances, nous pensons beaucoup plus essentiellement au paiement de la dette intérieure ; il est important qu’on s’y attaque résolument ».  Cette orientation stratégique confirme la volonté de consolider la stabilité financière et de dynamiser l’économie pour atteindre les objectifs ambitieux fixés pour 2026.

Année  2025 : « une économie en pleine ascension, portée par des indicateurs prometteurs pour le Cameroun »

Ces propos du ministre des finances montrent que l’année en cours a été marquée par une activité   économique accrue pour le Cameroun, notamment, grâce à une croissance soutenue, une maîtrise de l’inflation et des réformes structurelles qui auront contribué à renforcer la prospérité et la stabilité du pays. Les données économiques présentées à l’Assemblée Nationale, le 26 novembre 2025, révèlent une trajectoire ascendante, qui témoigne  de la robustesse des secteurs secondaire et tertiaire et de la gestion rigoureuse des finances publiques.

Selon le Programme Économique et Financier exposé devant la représentation nationale,   l’économie camerounaise affiche un tableau reluisant  en 2025, consolidant les acquis des exercices précédents et projetant une trajectoire de développement prometteuse. Si les projections basées sur le programme économique, financier, social et culturel de l’exercice 2026, estiment à 3,9%, la croissance économique nationale pour l’année en cours, il faut noter que cette performance représente une nette amélioration par rapport aux 3,5% enregistrés en 2024. Un  bond en avant principalement tiré par la vigueur des secteurs secondaire et tertiaire, qui témoignent de leur rôle moteur dans la création de richesse et d’emplois au sein de l’économie nationale. Ces secteurs innovants et productifs absorbent les chocs externes et stimulent la demande intérieure.

Parallèlement à cette expansion économique, le Cameroun démontre une maîtrise exemplaire de l’inflation, un indicateur clé de la stabilité des prix et du pouvoir d’achat des ménages. Après avoir affiché un taux de 7,3% en 2023, l’inflation a poursuivi sa décrue, passant à 4,5% en 2024. Au premier trimestre 2025, cette tendance baissière s’est confirmée avec un taux ramené à 3,9%. Cette stabilisation des prix est le fruit d’une politique monétaire prudente et d’une gestion proactive de l’offre de biens et services, garantissant un environnement économique plus prévisible et plus favorable aux investissements et à la consommation.

Une mobilisation des ressources dynamique

La mobilisation des ressources financières de l’État revêt une importance capitale pour le financement des programmes de développement. Les recettes fiscales internes non pétrolières ont atteint 2 mille 75 milliards 500 millions de FCFA au 30 septembre 2025. Ce chiffre représente un taux de réalisation de 64,8%, et illustrent les efforts constants effectués pour élargir l’assiette fiscale et améliorer le recouvrement. Les recettes douanières ne sont pas en reste, s’élevant à 830 milliards 100 millions de FCFA à la même période, soit un taux de réalisation de 73,05%. Ces montants témoignent de l’efficacité des mécanismes de collecte et du dynamisme des échanges commerciaux. Dans la lutte contre la fraude, les actions entreprise ont permis des saisies de marchandises d’une valeur estimée à près de 8 milliards de FCFA, renforçant l’intégrité des marchés et la protection des recettes de l’État.

La gestion financière et la trésorerie au Cameroun ont été marquées par une stratégie proactive visant à moderniser et à dynamiser le secteur financier. Dans ce sillage, il faut noter que la restructuration de la National Financial Credit Bank (NFC) a mobilisé un investissement de 24 milliards 753 millions de FCFA, une initiative essentielle pour assainir le paysage bancaire et renforcer la confiance des acteurs économiques. Des opérations stratégiques ont été menées, telles que la signature du contrat de cession des actions du Groupe Société Générale dans le capital de Société Générale Cameroun, ouvrant la voie à de nouvelles dynamiques de marché. La mise en place du Fonds de garantie automobile du Cameroun (Fogac) et de la Société Nationale de Réassurance du Cameroun (SNRC) renforcent la capacité du pays à mutualiser les risques et à soutenir l’activité économique. La mobilisation des ressources sur le marché monétaire, avec une levée de 337 milliards 20 millions de FCFA répartis en BTA et OTA, souligne la profondeur et la maturité du marché des capitaux camerounais.

Une gestion budgétaire qui se contextuelle
La gestion budgétaire en 2025 a été caractérisée par un engagement fort envers le bien-être des fonctionnaires et des citoyens. Le paiement des salaires s’est élevé à 1 108 milliards 900 millions de FCFA, tandis que les pensions ont atteint 195 milliards 800 millions de FCFA, assurant ainsi la stabilité financière des retraités. L’apurement de la dette salariale des enseignants, s’élevant à 221 milliards 200 millions de FCFA, a permis de régler une préoccupation majeure, générant par la même occasion une économie de 1 milliard 800 millions de FCFA. Le plan d’apurement de la dette flottante a progressé, avec 96 milliards 800 millions de FCFA budgétisés à cet effet. Les contributions du Cameroun auprès des Organisations Internationales ont été honorées, s’élevant à 8 milliards 308 millions 558 mille FCFA, et les participations de l’État libérées à concurrence de 18 milliards 267 millions 52 mille FCFA, démontrant l’engagement du pays sur la scène internationale et son soutien à ses propres investissements.

L’innovation et la digitalisation des services publics se sont révélées particulièrement efficaces. La plateforme de délivrance en ligne des visas d’entrée au Cameroun a enregistré, au 30 septembre, un total impressionnant de 411 439 visas payants, générant près de 46 milliards 873 millions 400 mille FCFA. D’autres indicateurs attestent de la richesse de la vie sociale et des politiques de solidarité. En effet,  le Cameroun a dénombré 427 mille 308 réfugiés et enregistré 10 mille 755 rapatriements volontaires, témoignant d’une gestion humaine des flux migratoires. L’efficacité des activités de régulation des marchés publics a permis une économie budgétaire substantielle de 1,14 milliard de FCFA.

En 2025, le Cameroun a également marqué sa volonté de décentralisation et de soutien aux collectivités locales, avec une redistribution de 91 milliards 85 millions de FCFA. Dans le domaine judiciaire, les décisions de justice ont conduit à un reversement de 10 milliards 226 millions 953 mille FCFA au Trésor au titre du corps du délit et à des condamnations pécuniaires s’élevant à 5 milliards 495 millions 034 mille 203 FCFA, renforçant l’État de droit et la justice sociale. Enfin, en matière de droits de l’Homme et de libertés, le pays a élaboré plusieurs rapports, publié 22 déclarations de sensibilisation et traité près de 950 requêtes relatives à des allégations de violations, réaffirmant son attachement aux valeurs fondamentales.

De façon panoramique, l’année 2025  a été  caractérisée par une dynamique économique positive, soutenue par des politiques publiques cohérentes et des réformes structurelles qui entrevoient un développement durable et inclusif.

Session Budgétaire de Novembre 2025 : le Premier Ministre dévoile les contours stratégiques de la loi des finances 2026

C’est devant le Parlement que, Joseph Dion Ngute a présenté les orientations fondamentales qui devraient encadrer le budget 2026. Une  intervention qui  marque le début d’une série de présentations qui aboutira à la validation du projet de loi de finances,  guide de la politique économique et sociale du pays face aux turbulences mondiales et aux ambitions nationales.

Le Chef du Gouvernement a planté le décor, en soulignant que le projet de loi de finances pour l’exercice 2026 a été élaboré dans un contexte international marqué par une persistance des chocs économiques, géopolitiques et sanitaires. Ces facteurs, outre leur volatilité, continuent de peser sur les économies mondiales et, par ricochet, sur celle du Cameroun. Sur le plan national, malgré ces défis, le projet anticipe une amélioration de la trajectoire de croissance. L’économie du pays devrait connaître une croissance de 4,3% en 2026, un chiffre supérieur aux 3,9% estimés pour l’année 2025. Cette progression serait principalement soutenue par la vigueur du secteur non pétrolier, qui représente un pilier stratégique pour la diversification économique. À l’inverse, le secteur pétrolier, sujet aux fluctuations des marchés mondiaux, connaîtrait une légère contraction de -0,1% en 2026. Parallèlement, le gouvernement affiche une volonté de maîtriser l’inflation, projetant un recul à 3% en 2026, contre 3,2% attendus pour 2025, signe d’une politique monétaire et budgétaire visant la stabilité des prix.

L’ampleur des ambitions de l’État pour 2026 se reflète dans les chiffres clés du budget. Celui-ci s’équilibre en ressources et en emplois à la somme  de 8 816,4 milliards FCFA. Cette enveloppe représente une augmentation significative de 1 080,5 milliards FCFA en valeur absolue, soit une hausse notable de 14,0% par rapport au budget de 7 335,9 milliards FCFA de 2025. Le budget général, qui constitue le cœur des dépenses et recettes de l’État, est projeté à 8 683,9 milliards FCFA. Il enregistre une hausse de 1 014,9 milliards FCFA (+13%) par rapport à 2025, où il s’élevait à 7 669,0 milliards FCFA. Les Comptes d’Affectation Spéciale, instruments financiers dédiés à des projets spécifiques, voient leur budget augmenter, passant de 66,9 milliards FCFA en 2025 à 132,5 milliards FCFA en 2026, soit une croissance de 98,1% (+65,6 milliards FCFA). Cette forte augmentation souligne l’importance accordée à des secteurs ou programmes spécifiques nécessitant des financements dédiés et accrus.

Structuration du budget 2026
Concernant la structuration du budget général pour 2026, les recettes internes sont évaluées à 5 887,0 milliards FCFA, révélant une progression de 452,2 milliards FCFA (+8,3%) par rapport à l’année précédente. Ces recettes se répartissent entre les recettes pétrolières et gazières (523,7 milliards FCFA), les recettes fiscales et douanières (4 889,5 milliards FCFA) qui constituent la majeure partie des ressources mobilisées, les recettes non fiscales (400,0 milliards FCFA), et enfin les dons (73,8 milliards FCFA). Cette ventilation met en exergue le rôle central de la mobilisation fiscale et douanière pour le financement des programmes de l’État.

Du côté des dépenses, le budget 2026 hors principal de la dette s’élève à 6 210,5 milliards FCFA. Ceci représente une augmentation de 564,2 milliards FCFA (soit 10,0%) par rapport à 2025. La ventilation par grandes masses révèle des postes de dépenses cruciaux : les dépenses de personnel s’élèvent à 1 625,4 milliards FCFA ; celles relatives aux biens et services atteignent 1 206,0 milliards FCFA ; les transferts et subventions représentent 820,3 milliards FCFA ; la charge des intérêts de la dette est de 532,5 milliards FCFA ; et enfin, les dépenses d’investissement, cruciales pour le développement futur, s’élèvent à 2 026,3 milliards FCFA. Il est à noter que le Budget d’Investissement Public (BIP) représente 35,7 % des dépenses primaires en 2026, contre 35,5% en 2025. Cependant, sa part dans le budget total de l’État diminue légèrement, passant de 24,2% en 2025 à 22,8% en 2026, une évolution à suivre quant à son impact sur les projets de développement nationaux.

Le budget 2026 présente un solde global déficitaire, une situation qui s’accentue par rapport à 2025. Le déficit global s’établit à 631,0 milliards FCFA, contre 309,9 milliards FCFA en 2025, traduisant ainsi un net accroissement du besoin de financement budgétaire de l’ordre de 327,1 milliards FCFA. Au-delà de ce déficit structurel, le gouvernement devra également faire face à d’autres charges de financement d’une ampleur considérable : l’amortissement de la dette intérieure et extérieure est évalué à 1 870,6 milliards FCFA ; le remboursement des crédits de TVA s’élève à 84,0 milliards FCFA ; le règlement des arriérés intérieurs est prévu à 498,8 milliards FCFA ; et enfin, les sorties nettes de trésorerie sont estimées à 20,0 milliards FCFA. Ces engagements cumulés portent le besoin de financement global de l’État pour l’exercice 2026 à environ 3 104,2 milliards de FCFA, soit une augmentation substantielle de 777,5 milliards FCFA par rapport aux 2 326,5 milliards FCFA de 2025.

Pour satisfaire ce besoin de financement accru, le gouvernement a esquissé une stratégie diversifiée. Les sources mobilisées incluront des tirages sur prêts-projets (826,7 milliards FCFA), l’émission de titres publics (400,0 milliards FCFA), des financements bancaires (589,7 milliards FCFA), des appuis budgétaires conjoints (120,0 milliards FCFA), des financements exceptionnels (167,8 milliards FCFA), et des emprunts extérieurs (1 000 milliards FCFA). Cette panoplie de ressources vise à assurer la couverture des engagements et à soutenir la réalisation des programmes de développement prévus.

En clair, le projet de loi de finances 2026, au-delà de l’inscription de mesures nouvelles et ciblées en matière fiscale, douanière et non fiscale, se veut un instrument stratégique pour naviguer dans un environnement économique complexe. Joseph Dion Ngute souligne que ce projet réaffirme l’engagement du gouvernement à soutenir la croissance, maîtriser l’inflation et assurer le développement à travers une allocation budgétaire revue à la hausse, tout en faisant face aux besoins de financement croissants, nécessitant une gestion prudente et une mobilisation diversifiée des ressources.

Le Budget-Programme : Mécanismes, Enjeux et Défis

Le Budget-programme au Cameroun est une réforme des finances publiques axée sur les résultats, qui transforme la budgétisation classique par nature en une gestion par objectifs.

Il vise à améliorer l’efficacité, l’efficience des dépenses publiques en centrant le budget sur les résultats escomptés, et non plus sur les moyens ou les activités.  L’on note que c’est depuis la promulgation de la loi n°2018/012 du 11 juillet 2018 portant Régime Financier de l’Etat et des autres entités publiques, que le Cameroun a adopté cette approche programme, essentiellement axée sur les performances. Il s’agissait d’offrir une meilleure prestation des services et d’améliorer l’optimisation des ressources dans le cadre de la gestion des dépenses publiques. Ces objectifs sont liés à l’ambition de rendre des administrations camerounaises et les autres entités responsables de la réalisation des objectifs de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30), y compris les plans nationaux de développement tournés vers la production des résultats découlant des dépenses budgétaires annuelles.

Le budget programme commande l’allocation des crédits budgétaires aux politiques publiques sur la base des programmes assortis d’objectifs et d’indicateurs de performance, lesquels sont structurés dans les Projets de Performance des Administrations (PPA). Annuellement rédigés par les ordonnateurs principaux du budget de l’Etat, ces PPA sont annexés à la loi des finances. A la suite de leur mise en œuvre, les programmes font également l’objet d’une évaluation annuelle consignée dans les Rapports Annuels de Performance (RAP) et annexés à la loi de Règlement, conformément à l’article 21 alinéa 1 de la loi n°2018/012 du 11 juillet 2018.

En termes de méthodologie, le RAP rend compte pour chaque programme, de l’exécution des engagements pris dans le cadre des Projets de Performance des Administrations (PPA) au moment de l’examen du projet de Loi des Finances. Il présente et explique les réalisations effectives concernant l’ensemble des moyens regroupés au sein d’une mission et alloués à une politique publique. Il permet ainsi d’apprécier la qualité de la gestion de ces politiques. L’analyse des RAP permet de contrôler l’exécution du budget en année N-1, et de réorienter les débats des finances publiques, en fonction des principaux constats, en vue d’une mise en œuvre efficace du budget-programme de l’année N et de l’élaboration du PPA de l’année N+1.

Comme dans la plupart des administrations le Rapport Annuel de Performance rend compte de la mise en œuvre des politiques publiques au courant de l’exercice budgétaire précédent. Il ressort de manière générale :

Dans la partie introductive, un contexte de mise en œuvre des différents programmes, tout en rappelant la synthèse stratégique et les différents domaines d’interventions ; L’état de mise en œuvre des différents programmes qui présente par ailleurs les résultats des indicateurs les plus représentatifs ; Le bilan stratégique et les perspectives. C’est dire que le RAP au Cameroun est un document qui analyse les réalisations par rapport aux objectifs des programmes budgétaires. Il est préparé pour chaque programme inscrit dans la Loi de Finances et est utilisé lors des conférences budgétaires pour évaluer le rendement, justifier les dépenses et ajuster les objectifs pour l’année suivante.

Budget 2026 des CTD Camerounaises : Enjeux Stratégiques et Naviguer dans un Contexte Complexe

La préparation des budgets des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) pour l’exercice 2026 se profile comme un moment charnière, directement aligné sur les orientations de la politique budgétaire nationale définie par le Chef de l’État. Ce processus intervient dans un environnement macroéconomique mondial marqué par des incertitudes persistantes, mais aussi dans un cadre national où la poursuite du développement économique, social et culturel, soutenu par la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30), demeure une priorité absolue.

L’élaboration budgétaire pour 2026 pour les CTD doit impérativement s’inscrire dans une logique de budgets à impact socio-économique. Si  l’accent est  mis sur la sélection et l’exécution de projets porteurs de croissance, capables de générer un développement tangible au niveau local ; le renforcement de la cohésion sociale et l’approfondissement du processus de décentralisation restent  des axes majeurs. L’objectif est clair : promouvoir une gestion des finances locales résolument orientée vers la bonne gouvernance et la confiance citoyenne.

Le parcours vers des budgets performants pour les CTD en 2026 se fait dans un contexte national marqué par la résilience face aux crises endogènes et exogènes. La persistance de ces chocs exige une planification budgétaire agile. De plus, la mise en œuvre continue du Plan Présidentiel de Reconstruction et de Développement des Régions affectées par les crises sécuritaires impose un effort budgétaire soutenu, tout en préparant le terrain pour le renouvellement des organes exécutifs des CTD, qui aura un impact sur la continuité de la gouvernance locale.

Conformément aux exigences de la réforme des finances publiques, l’élaboration des budgets des CTD pour 2026 se fera en mode programme. Cette approche méthodologique, tant dans la préparation que dans la présentation des budgets, vise à lier clairement les dépenses aux résultats attendus et à renforcer la transparence. Selon la circulaire des CTD, ces budgets devront être accompagnés des annexes prévues par le Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées (articles 418 et 420), garantissant ainsi une information complète et structurée pour les partenaires et les citoyens. En tout état de cause, ces budgets doivent assurer la continuité indispensable du service public, pilier de la gouvernance administrative nationale.

Sur le plan international, la préparation des budgets 2026 des CTD s’inscrit dans un environnement macroéconomique global offrant un tableau contrasté. Le Fonds Monétaire International (FMI), dans ses perspectives d’avril 2025, anticipe un ralentissement de la croissance mondiale à 2,8% en 2025, en baisse par rapport aux 3,3% de 2024 et 3,5% de 2023. Les prévisions annoncent un ralentissement généralisé qui  affectera également les grandes zones économiques.

Les tensions géopolitiques, notamment les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, continuent de perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales, affectant les marchés de l’énergie et des matières premières. Ces instabilités contribuent à maintenir des conditions financières restrictives, avec des taux d’intérêt élevés, malgré des signes d’assouplissement des politiques monétaires dans certaines économies avancées. Parallèlement, le renforcement de la fragmentation géoéconomique, caractérisé par une montée du protectionnisme et des tensions commerciales, notamment aux États-Unis, restreint les échanges internationaux et les flux d’investissement, créant un environnement moins favorable à la croissance.

Le paramètre climatique n’est pas non plus à négliger. La dégradation des conditions climatiques et la fréquence accrue des événements météorologiques extrêmes impactent négativement les rendements agricoles et la sécurité alimentaire, des secteurs particulièrement sensibles pour les pays en développement comme le Cameroun. Ces facteurs globaux posent des défis directs pour les économies locales et doivent être anticipés dans la planification budgétaire des CTD.

Après des années marquées par des niveaux d’inflation élevés, les prévisions indiquent un net recul. L’inflation mondiale est ainsi projetée à 4,3% en 2025, un chiffre en baisse par rapport aux 5,7% de 2024 et 8,7% de 2022. Cette modération est particulièrement liée aux effets escomptés des politiques monétaires restrictives menées par les banques centrales. Pour 2026, le FMI prévoit une reprise modérée de l’activité économique mondiale, avec un taux de croissance du PIB mondial estimé à 3,0%.

Vers des Budgets Locaux Résilients et Transformateurs

En définitive, la préparation des budgets des CTD camerounaises pour 2026 se situe à l’intersection de défis nationaux significatifs (reconstruction, gouvernance locale, intégration des politiques de développement)  et d’une conjoncture internationale complexe. La capacité des CTD à élaborer des budgets qui soient non seulement conformes aux normes de gestion publique, mais aussi véritablement moteurs de développement socio-économique, de cohésion sociale et de promotion de la décentralisation, sera déterminante pour l’atteinte des objectifs de la SND30 et pour l’amélioration du quotidien des populations. La rigueur méthodologique alliée à une vision stratégique audacieuse sera la clé du succès pour ces exercices budgétaires cruciaux.

Action Publique Locale en 2026 : Cap sur le Développement, la Gouvernance et l’Inclusion

Au-delà des ajustements techniques, les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) sont appelées à redéfinir et à consolider leurs missions, plaçant la promotion du développement, le renforcement de la gouvernance locale et l’amélioration du cadre de vie des populations au cœur de leurs stratégies. Cette nouvelle ère exige une approche holistique, où l’impact socio-économique des décisions locales devient un levier essentiel, respectant scrupuleusement les compétences transférées et le potentiel des CTD en tant que pôles de croissance.

L’un des piliers fondamentaux de cette action publique locale renouvelée réside dans la participation citoyenne. A croire, le draft de la lettre circulaire des CTD, il s’agit de passer d’une logique descendante à un véritable dialogue, où les priorités des populations en matière de services sociaux de base, d’infrastructures et d’énergie sont activement prises en compte dans l’élaboration des budgets et la sélection des projets. Ce processus participatif vise à garantir que l’action publique réponde concrètement aux besoins du terrain et renforce la cohésion sociale via des interventions inclusives et créatrices d’emplois.

Dans l’optique  d’atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment la promotion de la diversité, de l’inclusion et le respect des principes d’égalité, le document porte une attention particulière  aux considérations sensibles au climat et au genre. Les budgets des CTD de 2026 devront intégrer des analyses fines tenant compte des spécificités du sexe, de l’âge, des personnes vulnérables, des déplacés internes, des minorités et des réfugiés. Une  approche intégrée cruciale pour assurer une planification budgétaire cohérente et alignée avec les instruments nationaux de cadrage et de planification. L’action publique locale de 2026 devra ainsi embrasser ces exigences transversales dans tous ses axes stratégiques : renforcement de la gouvernance et de l’administration, amélioration de l’offre des services sociaux de base, promotion du développement économique et protection de l’environnement, ainsi que la promotion de la citoyenneté, de la culture, des sports, du tourisme et de l’appui à la jeunesse.

Renforcer la Gouvernance et Assurer la Transparence Financière

Le renforcement de la gouvernance et de l’administration s’avère un chantier prioritaire. Il s’agira  de pérenniser les acquis tout en engageant des efforts supplémentaires pour améliorer la transparence et assainir la gestion des finances locales. Cela passe par plusieurs actions concrètes :

Premièrement, une mise en cohérence systématique des actions et activités relevant des programmes des CTD avec les politiques publiques nationales est indispensable pour assurer une synergie des efforts. Ensuite, l’élaboration d’outils budgétaires performants est nécessaire. Ces instruments devront permettre des projections précises des ressources, des coûts, des flux de trésorerie, tout en intégrant des stratégies d’allocation de ressources visant à maximiser les rendements tout en minimisant les risques. Ensuite, une approche pluriannuelle des dépenses et des recettes définies dans les documents de cadrage devra être adoptée, sans jamais compromettre l’équilibre budgétaire. La méthodologie d’élaboration des documents de cadrage budgétaire, tels que le Cadre Budgétaire à Moyen Terme (CBMT) et le Cadre de Dépense à Moyen Terme (CDMT), devra être rigoureuse. Elle devra intégrer le plan de développement, les sources de financement disponibles, ainsi que le niveau d’endettement financier global de la CTD et de ses établissements publics.

Par ailleurs, Il sera crucial de valoriser les projets émanant directement des comités de quartiers ou de villages, renforçant ainsi le lien entre l’administration et les citoyens. Le respect des principes budgétaires stricts et une gestion rationnelle des ressources matérielles et patrimoniales garantiront une utilisation optimale des deniers publics.

Sur le plan des ressources humaines, une rationalisation est attendue, privilégiant la performance et les compétences. Le renforcement des capacités des personnels, conformément à la réglementation, constituera un investissement capital. Dans l’attente de dispositions précises, l’interdiction de tout recrutement par les Conseils Régionaux contribuera à maîtriser la masse salariale. Le respect strict de la réglementation en vigueur en matière de budgétisation des rémunérations, indemnités et autres avantages pour les personnels et élus locaux est une condition sine qua non. Enfin, la mise en place des services de police municipale, dans le respect des modalités définies par le décret n°2022/354, sera un élément clé du renforcement de la sécurité locale, à condition que ces initiatives soient soutenues par des ressources locales adéquates et calibrées sur les besoins réels des territoires.

En clair, l’action publique locale en 2026 se dessine sous le signe de l’efficacité, de la participation et de la durabilité, posant les fondations d’un développement territorial plus juste et plus résilient.

Enquête sur le Budget Ouvert (EBO) 2025 : formulation de la réponse contradictoire du Cameroun  

Les institutions pourvoyeuses de données (administrations publiques, Parlement, Chambre des Comptes, société civile etc.) se sont réunies le 21 novembre 2025 afin d’examiner les résultats préliminaires de l’EBO 2025 en vue de préparer une réponse contradictoire du Gouvernement. Les travaux ont permis aux différentes parties prenantes d’apprécier les progrès réalisés depuis la précédente évaluation et de dégager les pistes de recommandations dans le but d’améliorer le classement du Cameroun.

En effet, le Cameroun soumet son système de gestion des finances publiques à l’évaluation de l’International Budget Partnership (IBP) depuis 2008. Il s’agit d’une enquête biannuelle qui regroupe 120 pays à travers le monde. L’EBO évalue le système de gestion des finances publiques sur la base de trois critères que sont : la transparence budgétaire, la participation du public dans le processus budgétaire et la redevabilité. « Ces évaluations sont nécessaires à plus d’un titre car, elles permettent d’examiner le chemin parcouru dans la mise en œuvre des réformes sur les finances publiques, de relever les dysfonctionnements et pesanteurs observés ; puis de formuler des recommandations à l’effet de s’ajuster et d’améliorer in fine le score du pays relativement à la gouvernance financière », explique madame MANGA Félicité, Chef de la Cellule de la Consolidation des Comptes Budgétaires au Ministère des Finances. Les résultats de l’EBO 2025 seront disponibles courant 2026.

RESULTATS EBO 2023

Selon le rapport 2023, en ce qui concerne la « transparence » qui évalue la disponibilité en ligne, la disponibilité à temps et l’exhaustivité de huit documents budgétaires clés, la moyenne du Cameroun est passée de 34/100 en 2021 à 50/100 en 2023. Le pays occupe la troisième place en Afrique derrière le Benin (79/100) et la Côte d’ivoire (54/100).

En matière de « participation du public » qui examine les possibilités formelles offertes au public pour une participation significative aux différentes étapes du processus budgétaire, la note du Cameroun à bondit passant de 11/100 en 2021 à 20/100 en 2023. Il faut noter que la moyenne mondiale du présent indicateur se situe à 15/100. En Afrique, le Cameroun est troisième derrière la République Démocratique du Congo (33/100) et le Benin (31/100).

En fin, en ce qui concerne le « contrôle budgétaire » qui évalue le rôle que jouent les législatures et les institutions supérieures de contrôle (ISC) dans le processus budgétaire et la mesure dans laquelle elles assurent le contrôle, la moyenne du Cameroun est restée stable à 33/100.