Ministère des Finances du Cameroun

LA DIRECTION GENERALE DU BUDGET

Conjoncture Mensuelle de la Dette Publique du Cameroun Juin 2025

Au 30 juin 2025, l’encours de la dette publique du Cameroun s’établit à 14 105 milliards de FCFA, soit 43,0% du Produit Intérieur Brut (PIB). Cette dette enregistre une contraction de 1,1% en glissement mensuel et de 3,3% en glissement trimestriel, tout en affichant une progression de 1,8% sur un an. Ces évolutions témoignent d’une gestion globalement prudente de l’endettement public, en cohérence avec les orientations de la Stratégie d’Endettement à Moyen Terme (SDMT) 2025-2027, laquelle fixe le plafond de soutenabilité à hauteur de 50% du PIB contre 70% du PIB fixé au niveau de la convergence sous régionale.

La structure de la dette publique révèle une concentration significative au sein de l’Administration centrale, qui en détient 93,0 %. Les entreprises publiques, quant à elles, possèdent 6,8 % de cette dette, tandis que les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) n’en détiennent qu’une fraction minime de 0,2 %. Cette répartition souligne la prédominance de l’Administration centrale dans le champ de gestion de la dette publique, reflétant ainsi les priorités et les responsabilités financières de l’État. Il est également important de noter que la dette des CTD est en cours de recensement et de consolidation…

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Première session du Comité interministériel chargé du suivi de la mise en œuvre de la budgétisation sensible au genre au Cameroun

Le Secrétaire Général du Ministère des Finances, Monsieur Gilbert Didier EDOA, Président du Comité interministériel chargé du suivi de la mise en œuvre de la budgétisation sensible au genre au Cameroun, a présidé le mercredi 30 juillet 2025, en présence de ses membres (essentiellement constitués des Secrétaires Généraux des ministres), la première session dudit Comité.

« Cette première session est fondamentale, car elle nous permettra de prendre tous connaissance des progrès réalisés jusqu’à présent et d’entrevoir les défis à surmonter. Elle nous amènera également à identifier clairement les actions prioritaires qui seront le socle de notre feuille de route pour les mois à venir. Enfin, il sera question d’envisager des actions de renforcement des capacités à l’endroit de tous les acteurs de la chaine budgétaire pour l’appropriation de ce paradigme, somme toute toujours nouveau dans le processus budgétaire », a martelé le Président du Comité dans son discours d’ouverture. Pour ce faire, après la lecture de la décision de constatation des membres du comité ; les échanges ont porté sur deux points principaux à savoir : la présentation de l’état des lieux de la budgétisation sensible au genre au Cameroun et la présentation et validation de la feuille de route de la BSG ainsi que le plan de formation.

En effet, le Cameroun a pris l’option depuis quelques années de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes à travers la prise en compte de la dimension genre dans ses politiques publiques. Pour ce faire, la Budgétisation Sensible au Genre (BSG) s’est révélée être un élément incontournable dans l’atteinte de cet objectif. Cette démarche BSG a été adoptée par l’Etat du Cameroun depuis 2010, et a été matérialisée par les instructions présidentielles récurrentes qui invitent les ministères à une prise en compte du genre au niveau de la préparation du budget. En 2021 un saut qualitatif avait été affranchi avec la production du tout premier document budgétaire sensible au genre annexé au projet de loi de Finances 2022. Et depuis lors, cela a été institutionnalisé. De plus, en août 2022, une circulaire cadre du Ministre des Finances organise l’animation de cette budgétisation au sein des programmes budgétaires au Cameroun. Pour finaliser le dispositif institutionnel de la BSG au Cameroun, le Comité de pilotage a été redynamisé par arrêté du 05 décembre 2023 du Ministre des Finances. A ce titre, « le Comité de Pilotage est la concrétisation de la volonté du Gouvernement d’inscrire la Budgétisation Sensible au Genre dans une démarche structurée, coordonnée et cohérente avec les orientations de nos stratégies nationales de développement », a rappelé Monsieur Gilbert Didier EDOA, Secrétaire Général du Ministère des Finances. Les travaux de cette première session ont donc permis d’aboutir à la validation de la feuille de route BSG assortie de son plan de formation au titre de l’année 2025 en cours.

Notons que le comité interministériel chargé du suivi de la mise en œuvre de la budgétisation sensible au genre au Cameroun a pour mission de : renforcer le cadre de collaboration et de concertation autour de la BSG ; de finaliser le cadre conceptuel de la BSG et internaliser ses outils ; de mettre en œuvre la feuille de route BSG et de veiller au renforcement des capacités des acteurs en matière de BSG.

Pour rappel, la Budgétisation Sensible au Genre (BSG) est le processus d’évaluation des implications de toute action planifiée, sur les femmes et les hommes, les filles et les garçons. C’est l’intégration d’une perspective genre dans le cycle budgétaire par les processus spécifiques et les outils analytiques afin de promouvoir les politiques publiques sensibles au genre.

Cadrage Macroéconomique : Aperçu sur les éléments fondamentaux constitutifs

Il consiste à définir les grandes orientations de la politique économique et budgétaire d’un pays en tenant compte de la situation économique actuelle et les perspectives à court et moyen termes.

La présentation faite par l’Expert Serge Mendouga, de la Direction Générale du Budget sur l’élaboration des documents de cadrage, établit clairement que le cadrage macroéconomique est un exercice d’analyse de la situation macroéconomique réalisé conjointement par les administrations nationales et les organisations internationales. Il s’agit d’un processus qui consiste à faire des prévisions sur les quatre secteurs de l’économie à savoir : Réel, finances publiques, extérieur et monétaire.

Une étude synoptique sur plusieurs domaines clés de la macroéconomie du Cameroun a été réalisée sur une période qui va de 2021 à 2027. Dans le secteur réel notamment, le Pib pétrolier en 2021 était de l’ordre de 887 milliards de FCFA, en 2022, il culminait à 1698 milliards de FCFA en 2023, 1184 milliards en 2024, 1162 milliards en 2025. En 2026, la projection se situe à 910 milliards et en 2027, à 835 milliards de Fcfa. Pour ce qui est du  prix déflateur du PIB en 2021, il pointait à 2,9%, 6,9% en 2022,  4,7% en 2023, 2,8% en 2024, en 2025, 2’2%, en 2026, 2,6%, et en 2027,  2,6% projeté. La consommation  en 2021 affichait  73,5 en 2025, 79,7 en 2027. La Formation Brute de capital fixe (FBCF) en 2021 était situé à 18,2 en 2025 20, 2 et 2027, 19,3. En termes de dépenses en 2021 le curseur indiquait  17,0 en 2025, 16,4 et en 2027  20,4. Le PIB par secteur, fait état de ce que le primaire en 2023 se situait à 2,2% en 2025, 3,5% en 2027 à 4.0%. Le secteur  secondaire pointait à 2,3% en 2023 et 2025, 3,7%  en 2027 une projection de 4,3%. Le secteur tertiaire quant à lui présentait  3,9% en 2023, 4,5% en 2025, et 5,0% projeté en 2027.  Aux secteurs extérieurs, l’exportation des biens enregistrait en 2020, 2538.0 milliards, en 2025, 2093,8 milliards. L’importation des biens 2929,3 en 2020 et en 2025, – 4571, 0.

Dans son processus d’élaboration, le cadrage macroéconomique pour effectuer les projections, dispose d’un outil, le modèle SIPAE qui est un modèle macro-économétrique comportant des équations reliées entre elles. Considérant qu’un système macro-économétrique est un modèle mathématique ou numérique qui décrit le fonctionnement d’une économie nationale ou régionale, en mettant l’accent sur les relations entre les grands agrégats économiques tels que le produit intérieur brut (PIB), l’investissement, la consommation, l’emploi et les prix. Ces modèles sont utilisés pour analyser les politiques économiques, simuler des scénarios économiques et faire des prévisions. Il aide aussi à faire la  projection de certains agrégats  tels le  PIB  et ses composantes, le TOFE, la BDP (Balance des paiements), les agrégats  monétaires. Il est aussi construit  autour d’un ensemble intégré des quatre principaux comptes macroéconomiques à savoir : les Comptes Nationaux, le Tableau des Opérations financières de l’Etat, la balance des paiements, situation monétaire. Les principales étapes d’élaboration de la  collecte des données sont la réalisation des comptes nationaux, prix, la balance des paiements, la dette, l’environnement, etc.), les résultats des enquêtes de conjoncture, éléments de politique économique, éléments de perspectives économiques, entre autres. Les différentes étapes quant à elles sont, le traitement et exploitation des données, les premiers résultats, les ajustements, l’analyse des différents comptes.

Le positionnement de cet instrument est fondamental dans la conception de la loi de finances qui permet de faire des projections sur le taux de croissance du PIB nominal par le biais des interactions. Un cadrage abouti nécessite des données fiables, un outil robuste, un personnel outillé, des bonnes techniques d’estimation et de prévision. Le cadrage qui s’effectue en année n pour l’année n+ est arrêté définitivement au 30 août de cette année n et sert de base pour la détermination de l’enveloppe globale  du cadrage budgétaire qui est le principal Input. Son utilité se perçoit au niveau de la mise en cohérence des statistiques conjoncturelles  sur l’activité économique, sert de base de discussions avec les partenaires extérieurs comme la Banque Mondiale, le Fmi, la CEMAC, la surveillance multilatérale, il aide aussi dans la mise en forme du Document de Stratégie de Développement ( DRSP), la SND30 et faire des réalisations des études  et sert également à contribuer  à la réalisation des études économiques.

Au demeurant, le cadrage macroéconomique concerne la prévision et l’analyse de la situation économique globale d’un pays, tandis que le cadrage budgétaire se concentre sur la planification des recettes et des dépenses de l’Etat. Le cadrage macroéconomique sert de base pour définir les orientations stratégiques de l’Etat, alors que le cadrage budgétaire établit le budget annuel de l’Etat et assure sa cohérence avec les objectifs macroéconomiques.

Cadrage budgétaire : Pour une meilleure orientation du budget

C’est la substance d’un exposé présenté par le Chef de Cellule des Chapitres Communs, Jean Louis MANGA NDI, qui a donné quelques éclairages sur la question cruciale du cadrage budgétaire, une opération délicate et désormais incontournable dans le processus d’élaboration et de préparation du budget de l’État.

Lebudget est une prévision, ce qui revient à dire qu’il n’est pas possible de tout entrevoir exactement, toutes les dépenses et toutes les recettes. Préparer un budget, c’est anticiper des actes, des actions, des engagements avec des incertitudes plus ou moins élevées. Ceci, pour mieux réagir aux éventualités. Un cadre budgétaire désigne un ensemble de procédures, de mécanismes, de dispositions, de règles budgétaires, de restrictions et de responsabilités des acteurs impliqués dans le processus budgétaire, notamment des autorités chargées de conduire les politiques budgétaires du secteur des administrations.

Le cadrage budgétaire institué au Cameroun par la loi du 11 juillet 2018 portant Régime Financier de l’État (RFE) à son article 10 intègre plusieurs composantes qui fondent sa pertinence. Les différents outils  de programmation pluriannuelle sont : le Plan Pluriannuel d’Investissement (PPI) qui a pour objectif, de guider les décisions d’investissement, de définir les priorités en fonction des besoins et des ressources disponibles ; le Cadre Budgétaire à Moyen Terme (CBMT) avec pour objectif, d’allouer les ressources, de définir les priorités de dépenses et assurer la cohérence entre les objectifs stratégiques et les contraintes financières ; le Cadre de Dépense à Moyen Terme (CDMT) détaille les dépenses par secteur d’activités ; le Plan de Travail Annuel (PTA) qui énumère les travaux à réaliser sur une année donnée et permet de suivre leur avancement ; le Plan de Passation des Marchés (PPM) qui planifie les achats et les marchés nécessaires à la réalisation des projets ; entre autres. Il existe des interactions entre les différents outils de programmation.

Plusieurs étapes et acteurs sont essentiels dans la programmation budgétaire, la définition des objectifs, la collecte et l’analyse des données, la prévision des revenus et des dépenses, l’élaboration du budget, et enfin, le suivi et le contrôle. Les acteurs clés sont les ministères, les directions générales, les comités de cadrage/DGB/DGEPIP. Les différents acteurs impliqués dans la programmation budgétaire peuvent être regroupés en deux grands groupes à savoir ceux impliqués dans l’élaboration et ceux impliqués dans l’exécution du budget. Aussi, en contexte de cadre budgétaire, le Tableau des Opérations Financières de l’Etat (TOFE) est un instrument fondamental. Il offre une présentation synthétique et exhaustive des opérations financières de l’Etat, incluant les recettes et les dépenses ainsi que les ressources de financement.

TOFE

S’agissant par ailleurs de la prévision des recettes fiscales, elle tient compte de l’élasticité fiscales qui équivaut au ratio pourcentage de variation des recettes fiscales/ pourcentage de variation de l’assiette fiscale. La prévision des recettes fiscales est égale au taux effectif d’imposition statutaire, prévision assiette fiscale. Le TOFE permet de suivre de manière exhaustive, les flux financiers liés à l’exécution du budget de l’État, en termes de recettes et de dépenses, ainsi que les opérations de financement. La trajectoire des finances publiques de 2022 à 2027 fait état de ce que le solde global (Réalisation) Réal 2022 était -1,1%, Réal 2023 : -0,6%, (Projection) Proj 2026, -1,0%, Proj 2027, -0,7%. Le solde référence Cemac 2022 : -3,0%, 2023 : -1,0%, 2024 : -0,7%, 2025 : -,3%, 2025 :  +,1%, en 2027 : +0,0%. La pression fiscale en 2022 était de l’ordre 12,3%, en 2023 : 13,5%, en 2024 : 13,6%, en 2025 : 14,0%, en 2026 : 14,2%, en 2027 : 14,4%. Les dépenses publiques (hors service de la dette) en 2022 : 16,6%, en 2023 : 16,4%, en 2024 : 15,9%, en 2025 : 16, %, en 2026 : 15,4%, en 2027 : 15,3%.

Le ratio de soutenabilité de la masse salariale en 2022 était de l’ordre 38,4% en 2023 : 37,8%, en 2024 : 38, %, en 2025 : 38,4%, en 2026 : 36,6% , en 2027 : 35,2%. La dette publique était de 46,3% en 2022, 44,5% en 2023, 42,9% en 2024, 50,0% en 2025, 50,0% en 2026 et de 50,0% en 2027.

La démarche du TOFE effectue le calcul des dépenses totales, fait des estimations de référence, des estimations de la projection de référence, l’estimation de l’espace budgétaire, répartition de l’espace budgétaire entre les grandes natures de dépenses, la détermination des coûts des grandes natures de dépenses. Il faut relever que si l’espace budgétaire est négatif, une consolidation budgétaire est nécessaire. Ledit espace budgétaire a pour vocation, de financer des mesures (activités) nouvelles.

COMMUNIQUE DE PRESSE CONJOINT MINFI-MINFOPRA DU 22 JUILLET 2025

Dans un communiqué conjoint, le Ministre des Finances, Louis Paul MOTAZE et le Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme administrative, Joseph LE, portent à l’attention des agents publics bénéficiaires des avancements automatiques en janvier 2025, que le processus d’apurement de la dette salariale inhérente à tous les rappels liés aux mises à jour préalables à l’entrée en production du nouveau progiciel du personnel et de la solde (AIGLES) démarre dès le paiement de la solde de ce mois de juillet 2025.

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Rapport d’exécution du budget de l’Etat au titre de l’exercice 2024

Les ressources du budget de l’Etat mobilisées en 2024 s’établissent à 6 117,1 milliards dont 20,3 milliards des recettes de CAS, soit un taux d’exécution de 84,0%. S’agissant du budget général, ses ressources ont été mobilisée à hauteur de 6 096,8 milliards, soit une baisse de 97,5 milliards par rapport à l’exercice précédent, du fait de la diminution de la mobilisation des emprunts. Par composante, le taux de réalisation des recettes pétrolières est de 85,9%. Celui des recettes non pétrolières est de 99,4% dont 99,1% pour les recettes fiscales et 102,4% pour les recettes non fiscales. La mobilisation des emprunts s’est quant à elle située à 51,7%.

Les charges du budget de l’Etat se situent à 6 741,6 milliards soit un taux d’exécution de 92,6%. Les charges du budget général s’élèvent à 6 730,3 milliards, en augmentation de 292,9 milliards par rapport à 2023, sous l’effet de la hausse des dépenses courantes et des dépenses en capital, leur taux d’exécution étant de 93,3%. Par rubrique, les dépenses courantes hors intérêts de la dette enregistrent un taux d’exécution de 112,9%, les dépenses en capital et le service de la dette publique sont exécutées respectivement à hauteur de 82,7% et 71,7%. Les charges des CAS s’élèvent à 11,3 milliards, soit un taux d’exécution de 17,2% qui s’explique entre autres par la non-exécution dans le système d’information du CAS « Fonds spécial pour la reconstruction du Nord-Ouest, Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord ».

Il en résulte au final un déficit budgétaire de 478,7 milliards, soit 1,5% du PIB, en dessous de la prévision révisée de 137,9 milliards. Le déficit solde primaire quant à lui est de 81,3 milliards, soit 0,3% du PIB et celui du solde primaire non pétrolier est de 770,0 milliards (2,4% du PIB).

S’agissant du financement, lesbesoins de l’Etat se sont situés à 1 070,8 milliards ; ils ont été couverts par les prêts projets (574,9 milliards), les émissions de titres publics (317,6 milliards), les appuis budgétaires (120,5 milliards), le financement bancaire (49,2 milliards), et les DTS (8,6 milliards).

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CIRCULAIRE RELATIVE A LA PREPARATION DU BUDGET DE L’ETAT AU TITRE DE L’EXERCICE 2026

Le Président de la République, son Excellence PAUL BIYA, a signé le 18 juillet 2025, la Circulaire relative à la préparation du budget de l’Etat au titre de l’exercice 2026. Ce document précise les contours, fixe le cap, oriente sur les enjeux du budget de l’Etat pour l’année 2026. Pour en savoir plus, TELECHARGER LA CIRCULAIRE.

Les hauts responsables de l’administration camerounaise à l’école de la gestion des risques budgétaires

Le Ministre des Finances, son Excellence Louis PAUL MOTAZE, entouré de ses homologues le Ministre de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, son Excellence Alamine Ousmane Mey et le Ministre des Travaux Publics, son Excellence Emmanuel Nganou Djoumessi ; a présidé ce jeudi 17 juillet 2025, à l’hôtel Hilton de Yaoundé, un atelier de sensibilisation des hauts responsables de l’administration sur les risques budgétaires en collaboration avec le Fonds Monétaire International (FMI).

Cet atelier de haut niveau avait pour objectif de sensibiliser les gouvernants sur les principaux risques qui pèsent sur le budget de l’Etat. A ce titre, le Ministre des Finances a tenu à rappeler que « la gestion des risques budgétaires n’est ni un exercice purement technique, ni une formalité institutionnelle. Elle est une condition cardinale de la soutenabilité de nos finances publiques, de la crédibilité de l’État et de la stabilité de notre trajectoire de développement. Il nous revient, en tant qu’acteurs majeurs de l’administration publique, de porter cette exigence avec la rigueur, la vision et la responsabilité qu’elle impose ». À cet effet, pour meubler les échanges au cours de cet atelier, deux exposés ont été présentés. Le premier portant sur les concepts, enjeux et outils du FMI pour une gestion efficace des risques budgétaires et le deuxième sur l’expérience du Cameroun dans la gestion des risques budgétaires. Lesdites présentations ont permis aux participants de s’interroger et de répondre efficacement aux questions suivantes : Quels sont les principaux risques budgétaires propres à nos départements ministériels respectifs ? Quelles mesures concrètes sont mises en place pour les anticiper ou les atténuer ? Comment améliorer la coordination intersectorielle face aux imprévus ? Quelles actions ou appuis seraient nécessaires pour renforcer la gestion de ces risques ?

Il est important de préciser que ces travaux de haut niveau font partie du programme d’une mission du Centre d’Assistance Technique pour l’Afrique Centrale (AFRITAC-CENTRE) du Fonds Monétaire International qui séjourne au Cameroun depuis le 07 juillet 2025.

Pour mémoire, en 2021, une mission du département des finances publiques (FAD) a jeté les bases d’un premier diagnostic institutionnel approfondi, en s’intéressant notamment aux risques budgétaires liés aux entreprises publiques et en formulant des recommandations initiales sur leur gouvernance. Ladite mission a été suivie en 2022 avec une mission d’AFRITAC Centre qui a débouché sur la poursuite de l’inventaire des risques, de les documenter avec rigueur et d’élaborer une grille d’analyse des risques budgétaires, utilisée aujourd’hui par les administrations centrales désignées comme points focaux dans le cadre du Groupe de travail permanent sur les risques budgétaires. Un travail qui a permis en 2022, dans le cadre du Projet de Loi de Finances 2023, la production d’un rapport annuel sur les risques budgétaires annexé au projet de loi de finances. Ce rapport, qui a depuis fait l’objet de deux éditions successives, est désormais reconnu comme l’un des plus abouti des pays couverts par AFRITAC Centre. « Avec ces avancées, le Cameroun devient le premier pays couvert par AFRITAC Centre à avoir opérationnalisé un dispositif de suivi infra-annuel des risques budgétaires. Ce dispositif innovant permet de relier directement les risques identifiés aux écarts entre les prévisions et les réalisations budgétaires, de documenter les mesures d’atténuation prévues, de suivre la matérialisation effective des risques au cours de l’exercice budgétaire et d’identifier les écarts éventuels entre prévisions et réalisations. Il contribue ainsi à renforcer la capacité de réaction de l’administration face aux aléas budgétaires, à mitiger », reconnait M. Phillipe EGOUME, Directeur d’Afritac Centre.

En perspective, il est question d’impliquer davantage les départements ministériels afin de renseigner en temps opportun le « registre des risques » et de l’anticipation de ces derniers dans le budget de l’Etat.

Gouvernance des risques budgétaires au Cameroun

Afin d’asseoir dans l’administration camerounaise une gestion plus stratégique et anticipative du budget, un groupe de travail a été créé en septembre 2023. Présidé par le Directeur Général du Budget, il coordonne désormais l’ensemble du processus d’identification, de hiérarchisation, de suivi et d’atténuation des risques budgétaires. Sous l’impulsion de ce cadre, le Cameroun s’est doté d’un registre des risques et d’un canevas rigoureux d’analyse, fondé sur une méthodologie de quantification selon la probabilité d’occurrence et l’impact budgétaire. S’y ajoute désormais l’opérationnalisation d’un dispositif de « suivi infra-annuel des risques », qui permettra de relier les risques identifiés à leur matérialisation effective au cours de l’exécution budgétaire.

Rappelons que la loi n°2018/012 du 11 juillet 2018 portant Régime Financier de l’État et des Autres Entités Publiques exige de joindre au Projet de Loi de Finance initiale, « un rapport identifiant et évaluant les principaux risques budgétaires ». Depuis lors, comme rappelé plus haut, dans le souci de renforcer la gestion desdits risques, la tenue de cet atelier s’inscrit dans le cadre des réformes appuyées par les deux programmes en cours entre le Cameroun et le FMI. Il s’agit, d’une part, de l’accord triennal au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et d’autre part, de l’accord conclu au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) dont les plus récentes revues ont été conclue en mars 2025.

Centre d’Excellence de la DGB : Des formateurs formés aux méthodes d’enseignement modernes

Prévu pour ouvrir ses portes dans les prochaines semaines, le Centre d’Excellence de la Direction Générale du Budget pare ses formateurs de compétences nécessaires, pour faciliter l’assimilation du savoir budgétaire aux futurs apprenants. C’était au cours d’un séminaire de formation qui s’est tenu le 15 juillet 2025 à Yaoundé, sous la supervision de Cyrill Edou Alo’o, Directeur Général du Budget et responsable du programme 034 « Gestion budgétaire de l’État ».

Composée de personnels aux différents profils et pas toujours d’office, praticiens de la chose budgétaire, la Direction Générale du Budget (DGB) a enclenché un processus de renforcement de capacités et de mise à niveau desdits personnels. Cette hétérogénéité de métiers et de parcours professionnels, bien que source de richesse, pose un véritable défi en termes de cohérence de compétences, ainsi que d’efficacité dans le rendement du travail. À en croire Cyrill Edou Alo’o,  le  parcours pour devenir un « budgétaire confirmé », capable de manier le sujet avec aisance et profondeur, s’étend traditionnellement sur huit années de pratique et d’apprentissage continu, tenant compte d’une bonne base initiale et d’une implication personnelle  réelle.

Face à ce constat, la création d’un Centre d’Excellence s’est imposée comme une nécessité stratégique. L’ambition étant d’offrir une immersion formative intensive au sein de la structure, permettant de doter le personnel d’une base budgétaire solide en quelques mois seulement. « Compte tenu de cette difficulté nous avons fait le choix de créer un Centre d’Excellence au sein duquel nous allons immerger les personnels que nous recevons pour pouvoir leur donner une base budgétaire en quelques mois,  afin que nous ayions tous, une base qui permet de raccourcir ce délai d’imprégnation »,  a expliqué le Directeur Général.

Cyrill Edou Alo’o a tenu à s’assurer que les futurs formateurs soient parfaitement outillés sur le plan méthodologique. Une initiative qui a bénéficié d’un accueil particulièrement favorable de la communauté universitaire, qui s’est engagée à accompagner la DGB, en mettant à contribution l’expertise de ses membres, incluant un Vice-Recteur, un Doyen, et d’autres Chargés de mission issus d’horizons académiques et institutionnels variés. Cette collaboration a permis de concevoir et de rédiger l’ingénierie détaillée des modules de formation.

Il s’agit d’un processus qui vise à doter les enseignants/formateurs des compétences nécessaires pour concevoir, animer et évaluer des formations efficaces. Cela inclut l’acquisition de connaissances pédagogiques, le développement de compétences en communication et en animation, ainsi que la capacité à utiliser divers outils et méthodes d’apprentissage. Les Experts,Metsam Ateba, spécialiste en Ingénierie de la formation et le Professeur Vandelin Mgbwa ont plongé les participants au cœur des principes fondamentaux de l’andragogie, des techniques d’animation, de l’éthique pédagogique et des méthodes d’évaluation des processus d’apprentissage.

Au pas de la méthode

Acquérir des compétences pédagogiques :

-Comprendre les théories de l’apprentissage, les méthodes d’enseignement et les techniques d’évaluation.

Développer des compétences en communication :

-Savoir s’exprimer clairement, adapter son langage à la cible et gérer la dynamique de groupe.

Maîtriser les outils et méthodes de formation :

-Utiliser des outils pédagogiques variées (présentation, études de cas, jeux de rôle ou mise en situation etc…), et des méthodes d’apprentissage adaptées aux besoins des apprenants.

Concevoir et animer des formations :

-Élaborer des programmes de formation, créer des supports pédagogiques, et animer des séances de formation dynamiques et interactives.

Évaluer les acquis des apprenants :

-Mettre en place des outils d’évaluation pour mesurer l’efficacité de la formation et identifier les axes d’amélioration.

S’adapter aux nouvelles technologies :

-Utiliser les outils numériques pour enrichir les formations et les rendre plus interactives.

Développer une posture professionnelle de formateur 

Adopter une attitude positive, être à l’écoute des apprenants et créer un climat de confiance

L’agenda des premières semaines de formation a été minutieusement préparé, avec des sessions couvrant des sujets essentiels, allant de l’Introduction aux finances publiques, de leur Cadre juridique de base, à l’Expression orale et écrite en langue anglaise, en passant par le Bilinguisme et le Multiculturalisme, l’Économie générale, la Rédaction administrative, la Comptabilité privée, la Commande publique, ainsi que la modernisation de la Comptabilité Matières.

Il est crucial de noter que le Centre d’Excellence de la DGB n’a pas vocation à délivrer de diplômes universitaires ou professionnels. Sa mission est de perfectionner le personnel de la DGB et de renforcer la gestion budgétaire de l’État. Il est par conséquent, un outil exclusif de développement des compétences internes. « Les diplômes universitaires pourront faire l’objet d’une quête par volonté personnel de chacun, mais il s’agit uniquement ici, d’un Centre de perfectionnement des équipes de la DGB et de la gestion budgétaire » a précisé le DGB. Toute chose qui démontre l’engagement de la DGB à perfectionner la qualité du programme 034, sur une note déjà qualifiée satisfaisante.

Indicateurs Macroéconomiques et Budgétaires : Maîtriser les Fondations de la Politique Économique

Au cœur des défis de la gestion publique, la compréhension des agrégats économiques et des mécanismes budgétaires s’impose comme une nécessité absolue pour l’efficacité des politiques menées au Cameroun.

Les indicateurs macroéconomiques sont les boussoles qui guident l’appréhension parfaite de la santé et de la dynamique d’une économie nationale. Ils permettent d’évaluer la performance globale, de décrypter les mécanismes sous-jacents, et, surtout, d’orienter les choix stratégiques des gouvernements, des institutions internationales, des investisseurs et des analystes conscients de leur rôle dans la prise de décisions. C’est pour accorder la compréhension de ces principes que  la Direction Générale du Budget a procédé à un renforcement des capacités de ses personnels sur la question des indicateurs macroéconomiques et budgétaires.

L’objectif de cette formation était d’outiller les participants pour qu’ils deviennent des acteurs capables de tracer et d’analyser le circuit économique du revenu et de la dépense. Ce schéma conceptuel, fondamental, illustre les interconnexions entre les différents agents économiques et les flux qui les traversent, démontrant l’égalité primordiale entre production globale, revenu global et dépense globale.

Le Produit Intérieur Brut (PIB) : Mesure et Limites

Le Produit Intérieur Brut est souvent érigé en baromètre de la richesse nationale. Sa définition (la valeur monétaire de tous les biens et services finaux produits dans un pays au cours d’une période donnée) est complétée par la maîtrise de ses trois méthodes de mesure : approche par la production, par la dépense et par le revenu. Chacune offre un éclairage différent mais convergent vers une même réalité économique.

Cependant, le PIB, malgré son utilité, n’est pas sans défauts. Il ne capte pas la qualité de vie, négligeant des aspects cruciaux comme la santé, l’éducation ou la sécurité. Les activités non rémunérées (travail domestique, bénévolat) ou issues de l’économie informelle sont souvent sous-évaluées ou exclues. Pire, les catastrophes naturelles, les guerres ou les accidents, bien que générant des dépenses curatives substantielles qui gonflent le PIB, peuvent simultanément dégrader le bien-être collectif. De même, une production fortement polluante ou consommatrice de ressources n’en sera que plus valorisée par le PIB, sans que le coût écologique ne soit directement reflété.

Pour juguler ces lacunes, la comptabilité nationale introduit des agrégats de revenu supplémentaires. Le Revenu National Brut (RNB) qui élargit la perspective en incluant les revenus reçus par les résidents nationaux de l’étranger ; le Revenu National Brut Disponible (RNBD) qui va plus loin en intégrant les transferts courants nets reçus de l’extérieur, offrant ainsi une mesure plus précise des ressources disponibles pour la consommation et l’épargne nationale ; l’épargne nationale brute devient alors le résidu, le potentiel d’investissement pour l’avenir.

La distinction entre PIB nominal et PIB réel est également cruciale. Le PIB nominal suit la valeur des biens et services aux prix courants, dont l’évolution peut être due à l’inflation. Le PIB réel, corrigé de l’effet des prix, mesure quant à lui, le volume réel de la production. Le calcul des taux de croissance du PIB et du PIB par habitant permet d’apprécier l’évolution du niveau de vie et de productivité par individu.

L’Inflation et la Mesure des Prix

Définie comme l’augmentation générale et soutenue des prix, l’inflation  est essentielle pour préserver le pouvoir d’achat. La compréhension de la différence entre l’Indice des Prix à la Consommation (IPC), qui mesure l’évolution des prix d’un panier de biens et services consommés par les ménages, et le déflateur du PIB, qui reflète l’évolution des prix de tous les biens et services produits dans l’économie, est indispensable pour interpréter correctement les variations de prix et mener une politique monétaire cohérente.

Le Rôle de l’Administration Publique et les Flux Financiers

Dans ce tableau économique, l’administration publique joue un rôle moteur en fournissant des biens publics (éducation, santé, infrastructures, protection sociale), financés par l’impôt (T). Souvent en déficit (G > T), elle doit emprunter sur les marchés financiers  pour couvrir la différence. Le secteur extérieur, par ses échanges de biens et services avec les non-résidents, présente également des soldes significatifs. Selon l’Expert Mendouga de la DGB, les exportations nettes (NX) positives impliquent la vente de davantage de biens à l’étranger qu’ils n’en achètent sur le plan national. La partie déficitaire du secteur extérieur, s’il emprunte plus à l’étranger qu’il n’en prête, doit être financée par des flux financiers internationaux.

Le marché financier se positionne ainsi comme le lieu névralgique où entreprises, administrations publiques et agents extérieurs se côtoient pour financer leurs investissements ou leurs déficits, tandis que les ménages y placent leur épargne. Les institutions financières (banques, sociétés de bourse, fonds de pension, assurances) assurent la précieuse médiation entre ces acteurs.

Indicateurs Budgétaires : Bâtir la Stabilité

Enfin, la maîtrise des principaux indicateurs budgétaires (déficit budgétaire, dette publique, recettes fiscales, dépenses publiques) est le corollaire de la bonne compréhension des agrégats macroéconomiques pour une gestion financière saine et durable de l’État. Ils permettent d’évaluer la soutenabilité des finances publiques et de piloter la politique budgétaire dans une perspective de stabilité macroéconomique et de croissance inclusive. En maîtrisant ces outils, la Direction Générale du Budget renforce son rôle pilote dans la construction d’une économie résiliente et prospère.