C’était au cours d’une conférence qui s’est tenue à Yaoundé du 19 au 21 août 2025, et au cours de laquelle les responsables de la Direction Générale du Budget, du ministère des marchés publics, des services centraux des différents ministères, des Établissements publics (EP) et des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) se sont penchés sur la situation d’exécution du budget de l’Etat à date, les écueils rencontrés et les pistes d’optimisation ; ceci, dans une quête d’efficacité et de conformité au nouveau cadre normatif.
L’objectif essentiel de ces assises était de sonder en profondeur les mécanismes d’exécution du budget, afin d’identifier avec précision les causes des blocages constatés au cours du 1er semestre 2025. Telle est la problématique autour de laquelle les travaux présidés par Augusta Njock Arrey épse Tabenyang, Chef de Division du Contrôle Budgétaire, de l’Audit et de la Qualité de la Dépense, se sont déroulés. Les échanges avec les représentants des services centraux des ministères, des Établissements publics (EP) et des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) ont conduit à identifier à quel niveau se situe le goulot d’étranglement dans l’exécution du budget.
Le problème se situe-t-il au niveau des Contrôleurs financiers des différentes administrations ? Relève-t-il de la logistique ? la lourdeur des procédures ? l’inadéquation des outils? ou une combinaison de tous ces facteurs ? Pour y répondre, il a fallu procéder à un bilan et passer en revue le taux d’exécution budgétaire, tant pour les dépenses de fonctionnement que pour les investissements, en s’articulant autour des difficultés majeures repérées, qu’elles proviennent de correspondances diverses ou de rapports des Contrôleurs financiers.
Les données consolidées au 15 août 2025 révèlent une exécution globale timide. En matière de fonctionnement, le taux d’engagement se situait à 31,97%, tandis que le taux d’ordonnancement atteignait 29,66%. Ces chiffres, bien que ne suscitant pas une alarme immédiate, ne facilitent pas une sérénité totale compte tenu de la période écoulée. Le tableau se dégrade nettement lorsqu’il s’agit des investissements. Pour cette composante cruciale du développement économique, le taux d’engagement n’affiche que 24,65%, et le taux d’ordonnancement, encore plus critique, s’élève à 18,09%. Globalement, le taux d’engagement s’affichait à 30,11%, avec un taux d’ordonnancement de 26,72%. Ces chiffres peignent un paysage contrasté, car si le fonctionnement paraît se situer dans une marge « raisonnable», l’investissement quant à lui, demeure «inquiétant», une situation qui interpelle tant les décideurs que les acteurs de la chaîne budgétaire.
Une analyse par catégorie de services
Dans les services déconcentrés, l’exécution en fonctionnement atteint 38,69% en engagement et 38,73% en ordonnancement. En revanche, le secteur de l’investissement y affiche des seuils alarmants de 5,14% en engagement et 2,40% en ordonnancement. Les services centraux, quant à eux présentent un taux de fonctionnement de 29,64% en engagement et 26,90% en ordonnancement, avec des chiffres d’investissement de 26,17% et 19,91% respectivement. Ces disparités soulignent l’importance de cibler les interventions et d’adapter les stratégies aux réalités spécifiques de chaque entité.
Face à ce constat, quelques causes profondes des difficultés auxquelles sont essentiellement confrontés les CF ont été identifiées. L’instabilité des applications dédiées à l’exécution du budget pointée en tête des récriminations, représente près de 52% des problèmes soulevés. S’y ajoutent la non-implication effective des contrôleurs financiers et des payeurs dans les cadres de concertation budgétaire, le non-respect des allocations budgétaires (quotas) et des plans d’engagement préétablis. La maîtrise parfois lacunaire des fonctionnalités relatives au nouveau plan d’engagement des applications, les retards récurrents dans la passation des marchés, le non-respect des procédures, l’usage excessif des virements de crédits et les limitations d’accès à certaines plateformes informatiques complètent le tableau des obstacles.
Quelques mesures correctives
Pour conjurer cette situation, des mesures correctives ont été esquissées avec une volonté manifeste de redresser la barre. D’une part, le ministère des finances a initié un suivi informatique permanent ; le nouveau Régime financier octroie désormais une autorisation aux contrôleurs financiers pour participer activement aux réunions de suivi-évaluation de l’exécution budgétaire. D’autre part, le renforcement des capacités des acteurs impliqués dans la gestion des applications informatiques, axé sur les nouveautés procédurales, est en cours. De même, l’ouverture des quotas budgétaires sera désormais alignée sur le plan d’engagement des structures, avec un effort particulier pour les rendre disponibles en temps voulu, afin de faciliter et motiver la consommation budgétaire, particulièrement dans le domaine des investissements. L’issue de ces travaux pourrait se traduire par des solutions immédiates ou l’enregistrement de requêtes destinées à la hiérarchie, pour des corrections futures dans les lois de finances, dans l’espoir de mettre le budget 2025 sur les rails de l’efficacité et de la performance.
En qualité de représentant du ministre, le secrétaire Général du ministère des finances, Gilbert Didier Edoa a présidé, le 21 août 2025, la cérémonie solennelle d’installation des responsables récemment nommés à la Direction de la Normalisation et de la Comptabilité Matières (DNCM). L’événement, qui s’est déroulé en présence du Directeur Général du Budget, Cyril Edou Alo’o, et du patron de la DNCM, Désiré Kongo Elanga, vise à amplifier la modernisation de la gestion des finances publiques et la sauvegarde du patrimoine de l’État.
Ces nominations, effectives suite à un arrêté et une décision ministériels datés du 16 juillet 2025, concernent des postes stratégiques au sein de la DNCM. Les principaux organes touchés par ce renouvellement comprennent la Cellule des études et des normes, le Service de la formation, la Brigade de contrôle des opérations de gestion matière, la Sous-direction du traitement des comptabilités mensuelles et des comptes de gestion matière, la Sous-direction des opérations de dévolution du patrimoine, le Service des affaires générales, la Sous-direction des formations et des systèmes d’information, et une réorganisation des responsabilités au sein des sous-directions traitant des comptabilités et des opérations de patrimoine. Une réorganisation qui entend insuffler une nouvelle vitalité aux rouages de cette direction stratégique du ministère des finances. Chefs de bureau, sous-directeurs, chargés d’études, inspecteurs et contrôleurs ont ainsi reçu la feuille de route détaillée qui guidera leurs actions pour mener à bien les missions essentielles qui leur ont été confiées.
Dans son allocution, le Secrétaire Général a souligné la portée de ces changements en spécifiant que ces nominations vont au-delà des actes administratifs, mais traduisent la volonté du Ministre des finances de doter la Direction de la Normalisation et de la Comptabilité-Matières des ressources humaines à la hauteur des défis auxquels elle est confrontée, dans le vaste chantier de modernisation de la gestion des finances publiques en général et de la gestion du patrimoine de l’État en particulier. Gilbert Didier Edoa a insisté sur le besoin d’une gestion rigoureuse et moderne des ressources matérielles et financières de l’État, un enjeu de taille pour garantir la pérennité et l’efficacité de l’action publique.
Le Secrétaire Général a ensuite décliné les attentes fortes à l’égard des nouveaux promus. « il est attendu de vous, dans l’exercice de vos nouvelles fonctions, une réelle capacité d’initiative, un leadership ouvert et mobilisateur, mais aussi un esprit d’équipe orienté vers les résultats. Car c’est ensemble, et seulement ensemble, que vous réussirez à hisser la Comptabilité-Matières au niveau d’excellence tant souhaité ». Cette exhortation à l’unité et à la performance collective souligne la dimension collaborative indispensable à la réussite des objectifs fixés. La haute hiérarchie du MINFI a réitéré aux nouveaux promus que le choix porté sur eux n’est pas un hasard. Il répond à un besoin pressant d’une ressource humaine à même d’accompagner la réforme de la Comptabilité-Matières, induite par la directive CEMAC éponyme de 2020. La modernisation de la Comptabilité-Matières en est le principal défi à relever, ainsi qu’un chantier ambitieux en cours portant sur la dématérialisation totale de la gestion comptable des matières à court terme, et mettant en lumière l’importance de s’adapter aux nouvelles technologies et aux normes internationales pour optimiser la gestion.
Le Secrétaire Général a également rappelé les valeurs fondamentales devant guider leur action : A cet effet, il a prescrit l’adoption des valeurs essentielles de la fonction publique telles que l’intégrité, la rigueur technique, l’esprit collectif et la résilience. Un appel à l’éthique professionnelle et à la robustesse dans l’exécution des tâches qui conforte le positionnement de la DNCM comme un pilier de bonne gouvernance. Le représentant du Ministre des finances n’a pas manqué d’encourager et de rappeler la responsabilité qui incombe à chacun : « Votre parcours jusqu’ici témoigne de votre mérite. Mais aujourd’hui commence un nouveau chapitre, exigeant et exaltant. Soyez donc audacieux dans vos propositions, humbles dans vos rapports avec les usagers, infatigables et résilients face aux complexités. La République compte sur vous pour préserver son patrimoine matériel et financier. Que cette installation soit plus qu’un rite administratif : qu’elle soit l’étincelle d’un engagement renouvelé pour une Comptabilité-Matières exemplaire ». Des conseils qui marquent l’expérience et qui devront désormais servir de leitmotiv à ces nouveaux responsables. Et puisque la DNCM s’inscrit dans un nouveau paradigme axé sur l’excellence opérationnelle, l’innovation technologique et la contribution essentielle à la préservation du patrimoine national, la nouvelle équipe devra relever le défi de contribuer à la pérennisation de la Comptabilité matières, comme un modèle d’efficacité et de transparence.
L’élaboration du Budget de l’État pour l’exercice 2026 a fait l’objet des travaux du séminaire de lancement des activités y relatives du 22 au 23 juillet 2025, à Yaoundé. Organisée conjointement par le Ministère des Finances (MINFI) et le Ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT), cette rencontre placée sous le thème, « Rationalisation des choix budgétaires face aux changements climatiques pour un développement propre et résilient », a souligné l’urgence de concilier les impératifs économiques avec la nécessité de bâtir une nation moins sensible aux dérèglements climatiques.
Renforcer les capacités des acteurs clés impliqués dans le processus de préparation budgétaire, tel était l’objectif visé de ce conclave. Il s’agissait également de les sensibiliser au contexte actuel qui façonne l’élaboration du budget de l’État pour 2026, ainsi qu’aux grandes orientations gouvernementales qui doivent guider prioritairement cette planification financière, en conformité avec les directives de la Circulaire présidentielle n°001 du 18 juillet 2025. Cette dernière trace la feuille de route pour l’exercice budgétaire prochain.
Dans son allocution, le ministre des finances a dressé un état des lieux du contexte budgétaire, présentant les priorités pour 2026 et formulant des attentes claires à l’égard des administrations publiques. La tenue de ces assises s’inscrit dans la foulée des travaux récents du Comité Interministériel d’Examen des Programmes (CIEP). Ces derniers ont abouti à une nouvelle cartographie des programmes de politiques publiques, identifiant par la même occasion les défis majeurs liés à l’atteinte des objectifs fixés. Ces défis sont d’autant plus pressants qu’ils mobilisent des ressources financières considérables et exigent une maîtrise accrue des contraintes pesant sur les dépenses publiques.
Louis Paul Motaze a notamment mis en lumière l’insuffisance de la mobilisation des recettes budgétaires de l’État. Le taux de recouvrement au premier semestre 2025 s’élève à 82,1%, représentant une baisse de 55 milliards de FCFA par rapport à la même période en 2024. Une situation d’autant plus préoccupante qu’elle survient malgré l’existence de niches de ressources potentielles, notamment dans le domaine de la finance climatique. Cette faiblesse mobilière contraste avec un alourdissement significatif des charges de l’État. Celles-ci sont multiples : la poursuite de la veille sécuritaire, l’organisation de l’élection présidentielle, les consommations publiques, les baux administratifs, les loyers au titre des contrats de Partenariats Publics-Privés (PPP), sans oublier d’importants volumes de dettes intérieure et extérieure.
Face à cet environnement économique contraint, marqué par les effets des changements climatiques sur la mobilisation des recettes et l’évolution des dépenses, le ministre des finances a défini les priorités du budget 2026. Il a prescrit que les actions budgétisées dans le cadre de ce nouveau triennat devront viser une croissance économique forte, partagée par toutes les composantes de la société et, surtout, favorable à la préservation de l’environnement. Pour y parvenir, plusieurs axes d’intervention ont été détaillés.
Priorités majeures
Parmi elles, figurent l’intensification de la production locale des produits de première nécessité, dans le but de réduire le déficit de la balance commerciale et de renforcer la sécurité alimentaire nationale. L’assurance de l’équilibre financier du secteur énergétique est également une priorité, afin d’accroître l’offre d’énergie sur l’ensemble du territoire. La réforme foncière devra être accélérée pour permettre l’opérationnalisation des projets de développement industriel. Le gouvernement s’engage à poursuivre les actions de modernisation de l’administration publique et de réduction du train de vie de l’État. L’amélioration des mécanismes de redistribution et de soutien aux couches les plus vulnérables de la population démontre une volonté d’inclusion sociale. Sur le plan énergétique, le renforcement de l’offre sera assuré par la mise en service complète du barrage de Nachtigal et l’accélération de la préparation des dossiers des autres barrages. Enfin, la finalisation du processus de décentralisation est citée comme un levier essentiel pour le développement territorial.
À l’adresse des administrations, le Ministre a lancé un appel à l’engagement pour faire de ces priorités une réalité tangible dans la construction du budget 2026, soulignant la nécessité d’une synergie d’actions pour un développement résilient et prospère. Il les a notamment engagés à faire des choix judicieux qui permettront de scruter de nouvelles sources de financement, mais surtout d’améliorer l’évaluation et le ciblage de la dépense publique, afin d’accroitre les marges budgétaires disponibles. Dans cette optique, le périmètre des ressources mobilisées devra s’élargir en direction des opportunités qu’offre la finance climatique au niveau national et international et la dépense publique devra recourir au verdissement des projets d’investissement et des ouvrages mis à disposition. Toutes choses qui devront s’aligner au respect strict des orientations contenues dans la circulaire du Président de la République relative à la préparation du budget de l’Etat pour le compte de l’exercice 2026.
Sous la houlette de Cyrill Edou Alo’o, ce pôle stratégique de formation et de renforcement des compétences promet de révolutionner la maîtrise des métiers du budget au sein de la Direction Générale du Budget, marquant ainsi une étape décisive dans la modernisation de la gestion administrative et financière de l’État.
Le paysage de la formation et du développement des compétences au sein des administrations publiques camerounaises s’enrichit d’une nouvelle pierre angulaire avec le début effectif des cours au Centre d’Excellence de la Direction Générale du Budget (DGB). Cet outil d’incubation et de perfectionnement, projet majeur inscrit dans le cadre du Programme 034, « Gestion Budgétaire de l’État » a donné le coup d’envoi de ses activités avec la rentrée de sa première promotion le 28 juillet 2025. Cet événement fondateur a été couronné par un cours magistral inaugural dispensé par Cyrill Edou Alo’o, responsable du Programme 034, dont l’expertise éclaire désormais ce nouveau pôle dédié à l’excellence budgétaire.
L’initiative de créer un tel centre émane d’un constat stratégique : la Direction Générale du Budget accueille en son sein une diversité de profils professionnels aux parcours et métiers variés. Si cette hétérogénéité est intrinsèquement une source de richesse et de diversité de perspectives, elle présente également un défi en termes de cohérence de compétences et d’uniformité des pratiques. L’objectif affiché est donc clair : assurer un renforcement des capacités et une mise à niveau ciblée du personnel, afin de garantir une maîtrise approfondie et homogène des arcanes de la chose budgétaire. Cyrill Edou Alo’o, à travers ses interventions, avait déjà souligné combien le chemin vers une expertise reconnue en matière budgétaire requiert traditionnellement de longues années de pratique (au moins 8ans), ponctuées d’un apprentissage continu, d’une bonne base théorique et d’un engagement personnel conséquent. Face à ce constat, la mise sur pied d’un Centre d’Excellence s’est imposée comme une nécessité pour accélérer et optimiser cette courbe d’apprentissage.
Le Centre d’Excellence de la DGB a été conçu pour offrir une immersion formative intensive, permettant au personnel d’acquérir une base budgétaire solide en un temps considérablement réduit, quelques mois seulement. L’ambition est de pouvoir raccourcir drastiquement le délai d’imprégnation et parfaire les compétences pour une meilleure efficacité opérationnelle. Pour planter le décor lors de cette journée de rentrée mémorable, Flore Goma, Sous-Directrice des Affaires Générales, a introduit les objectifs du centre, précédant le Directeur Général du Budget, qui a abordé les généralités des finances publiques, sa définition, ses objectifs et ses avantages. Durant une heure d’échange interactif, il a mesuré le niveau de connaissance de la première promotion, stimulant ainsi l’engagement et la participation active.
Cette première journée s’est conclue par un cours de langue, renforçant la dimension pluridisciplinaire de la formation. Pour les semaines à venir, un agenda pédagogique minutieusement élaboré prévoit des sessions dédiées à des sujets aussi cruciaux et variés que l’Introduction aux finances publiques, leur Cadre Juridique de base, l’Expression Orale et Écrite en langue anglaise, le Bilinguisme et le Multiculturalisme, l’Économie Générale, la Rédaction Administrative, la Comptabilité Privée, la Commande Publique, et enfin, la modernisation de la Comptabilité Matières. Ce programme ambitieux vise à doter les participants d’une panoplie complète d’outils pour naviguer avec aisance et compétence dans les défis de la gestion budgétaire de l’État.
Il est essentiel de noter que le Centre d’Excellence de la DGB ne vise pas à délivrer des diplômes universitaires ou professionnels. Sa mission est intrinsèquement axée sur le perfectionnement continu du personnel de la DGB et le renforcement de la gestion budgétaire de l’État, se positionnant ainsi comme un outil exclusif et stratégique de développement des compétences internes. A l’achèvement de leur parcours, les apprenants feront l’objet d’une évaluation rigoureuse, avec pour objectif d’atteindre une moyenne annuelle minimale de 12 sur 20, gage de l’acquisition des savoir-faire requis. L’inauguration officielle par le Ministre des Finances, attendue prochainement, viendra sceller la portée institutionnelle de cette initiative novatrice et prometteuse pour l’avenir de la gouvernance budgétaire au Cameroun.
Au 30 juin 2025, l’encours de la dette publique du Cameroun s’établit à 14 105 milliards de FCFA, soit 43,0% du Produit Intérieur Brut (PIB). Cette dette enregistre une contraction de 1,1% en glissement mensuel et de 3,3% en glissement trimestriel, tout en affichant une progression de 1,8% sur un an. Ces évolutions témoignent d’une gestion globalement prudente de l’endettement public, en cohérence avec les orientations de la Stratégie d’Endettement à Moyen Terme (SDMT) 2025-2027, laquelle fixe le plafond de soutenabilité à hauteur de 50% du PIB contre 70% du PIB fixé au niveau de la convergence sous régionale.
La structure de la dette publique révèle une concentration significative au sein de l’Administration centrale, qui en détient 93,0 %. Les entreprises publiques, quant à elles, possèdent 6,8 % de cette dette, tandis que les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) n’en détiennent qu’une fraction minime de 0,2 %. Cette répartition souligne la prédominance de l’Administration centrale dans le champ de gestion de la dette publique, reflétant ainsi les priorités et les responsabilités financières de l’État. Il est également important de noter que la dette des CTD est en cours de recensement et de consolidation…
TELECHARGER LA NOTE DE CONJONCTURE MENSUELLE DE LA DETTE PUBLIQUE DU CAMEROUN JUIN 2025
Le Secrétaire Général du Ministère des Finances, Monsieur Gilbert Didier EDOA, Président du Comité interministériel chargé du suivi de la mise en œuvre de la budgétisation sensible au genre au Cameroun, a présidé le mercredi 30 juillet 2025, en présence de ses membres (essentiellement constitués des Secrétaires Généraux des ministres), la première session dudit Comité.
« Cette première session est fondamentale, car elle nous permettra de prendre tous connaissance des progrès réalisés jusqu’à présent et d’entrevoir les défis à surmonter. Elle nous amènera également à identifier clairement les actions prioritaires qui seront le socle de notre feuille de route pour les mois à venir. Enfin, il sera question d’envisager des actions de renforcement des capacités à l’endroit de tous les acteurs de la chaine budgétaire pour l’appropriation de ce paradigme, somme toute toujours nouveau dans le processus budgétaire », a martelé le Président du Comité dans son discours d’ouverture. Pour ce faire, après la lecture de la décision de constatation des membres du comité ; les échanges ont porté sur deux points principaux à savoir : la présentation de l’état des lieux de la budgétisation sensible au genre au Cameroun et la présentation et validation de la feuille de route de la BSG ainsi que le plan de formation.
En effet, le Cameroun a pris l’option depuis quelques années de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes à travers la prise en compte de la dimension genre dans ses politiques publiques. Pour ce faire, la Budgétisation Sensible au Genre (BSG) s’est révélée être un élément incontournable dans l’atteinte de cet objectif. Cette démarche BSG a été adoptée par l’Etat du Cameroun depuis 2010, et a été matérialisée par les instructions présidentielles récurrentes qui invitent les ministères à une prise en compte du genre au niveau de la préparation du budget. En 2021 un saut qualitatif avait été affranchi avec la production du tout premier document budgétaire sensible au genre annexé au projet de loi de Finances 2022. Et depuis lors, cela a été institutionnalisé. De plus, en août 2022, une circulaire cadre du Ministre des Finances organise l’animation de cette budgétisation au sein des programmes budgétaires au Cameroun. Pour finaliser le dispositif institutionnel de la BSG au Cameroun, le Comité de pilotage a été redynamisé par arrêté du 05 décembre 2023 du Ministre des Finances. A ce titre, « le Comité de Pilotage est la concrétisation de la volonté du Gouvernement d’inscrire la Budgétisation Sensible au Genre dans une démarche structurée, coordonnée et cohérente avec les orientations de nos stratégies nationales de développement », a rappelé Monsieur Gilbert Didier EDOA, Secrétaire Général du Ministère des Finances. Les travaux de cette première session ont donc permis d’aboutir à la validation de la feuille de route BSG assortie de son plan de formation au titre de l’année 2025 en cours.
Notons que le comité interministériel chargé du suivi de la mise en œuvre de la budgétisation sensible au genre au Cameroun a pour mission de : renforcer le cadre de collaboration et de concertation autour de la BSG ; de finaliser le cadre conceptuel de la BSG et internaliser ses outils ; de mettre en œuvre la feuille de route BSG et de veiller au renforcement des capacités des acteurs en matière de BSG.
Pour rappel, la Budgétisation Sensible au Genre (BSG) est le processus d’évaluation des implications de toute action planifiée, sur les femmes et les hommes, les filles et les garçons. C’est l’intégration d’une perspective genre dans le cycle budgétaire par les processus spécifiques et les outils analytiques afin de promouvoir les politiques publiques sensibles au genre.
Il consiste à définir les grandes orientations de la politique économique et budgétaire d’un pays en tenant compte de la situation économique actuelle et les perspectives à court et moyen termes.
La présentation faite par l’Expert Serge Mendouga, de la Direction Générale du Budget sur l’élaboration des documents de cadrage, établit clairement que le cadrage macroéconomique est un exercice d’analyse de la situation macroéconomique réalisé conjointement par les administrations nationales et les organisations internationales. Il s’agit d’un processus qui consiste à faire des prévisions sur les quatre secteurs de l’économie à savoir : Réel, finances publiques, extérieur et monétaire.
Une étude synoptique sur plusieurs domaines clés de la macroéconomie du Cameroun a été réalisée sur une période qui va de 2021 à 2027. Dans le secteur réel notamment, le Pib pétrolier en 2021 était de l’ordre de 887 milliards de FCFA, en 2022, il culminait à 1698 milliards de FCFA en 2023, 1184 milliards en 2024, 1162 milliards en 2025. En 2026, la projection se situe à 910 milliards et en 2027, à 835 milliards de Fcfa. Pour ce qui est du prix déflateur du PIB en 2021, il pointait à 2,9%, 6,9% en 2022, 4,7% en 2023, 2,8% en 2024, en 2025, 2’2%, en 2026, 2,6%, et en 2027, 2,6% projeté. La consommation en 2021 affichait 73,5 en 2025, 79,7 en 2027. La Formation Brute de capital fixe (FBCF) en 2021 était situé à 18,2 en 2025 20, 2 et 2027, 19,3. En termes de dépenses en 2021 le curseur indiquait 17,0 en 2025, 16,4 et en 2027 20,4. Le PIB par secteur, fait état de ce que le primaire en 2023 se situait à 2,2% en 2025, 3,5% en 2027 à 4.0%. Le secteur secondaire pointait à 2,3% en 2023 et 2025, 3,7% en 2027 une projection de 4,3%. Le secteur tertiaire quant à lui présentait 3,9% en 2023, 4,5% en 2025, et 5,0% projeté en 2027. Aux secteurs extérieurs, l’exportation des biens enregistrait en 2020, 2538.0 milliards, en 2025, 2093,8 milliards. L’importation des biens 2929,3 en 2020 et en 2025, – 4571, 0.
Dans son processus d’élaboration, le cadrage macroéconomique pour effectuer les projections, dispose d’un outil, le modèle SIPAE qui est un modèle macro-économétrique comportant des équations reliées entre elles. Considérant qu’un système macro-économétrique est un modèle mathématique ou numérique qui décrit le fonctionnement d’une économie nationale ou régionale, en mettant l’accent sur les relations entre les grands agrégats économiques tels que le produit intérieur brut (PIB), l’investissement, la consommation, l’emploi et les prix. Ces modèles sont utilisés pour analyser les politiques économiques, simuler des scénarios économiques et faire des prévisions. Il aide aussi à faire la projection de certains agrégats tels le PIB et ses composantes, le TOFE, la BDP (Balance des paiements), les agrégats monétaires. Il est aussi construit autour d’un ensemble intégré des quatre principaux comptes macroéconomiques à savoir : les Comptes Nationaux, le Tableau des Opérations financières de l’Etat, la balance des paiements, situation monétaire. Les principales étapes d’élaboration de la collecte des données sont la réalisation des comptes nationaux, prix, la balance des paiements, la dette, l’environnement, etc.), les résultats des enquêtes de conjoncture, éléments de politique économique, éléments de perspectives économiques, entre autres. Les différentes étapes quant à elles sont, le traitement et exploitation des données, les premiers résultats, les ajustements, l’analyse des différents comptes.
Le positionnement de cet instrument est fondamental dans la conception de la loi de finances qui permet de faire des projections sur le taux de croissance du PIB nominal par le biais des interactions. Un cadrage abouti nécessite des données fiables, un outil robuste, un personnel outillé, des bonnes techniques d’estimation et de prévision. Le cadrage qui s’effectue en année n pour l’année n+ est arrêté définitivement au 30 août de cette année n et sert de base pour la détermination de l’enveloppe globale du cadrage budgétaire qui est le principal Input. Son utilité se perçoit au niveau de la mise en cohérence des statistiques conjoncturelles sur l’activité économique, sert de base de discussions avec les partenaires extérieurs comme la Banque Mondiale, le Fmi, la CEMAC, la surveillance multilatérale, il aide aussi dans la mise en forme du Document de Stratégie de Développement ( DRSP), la SND30 et faire des réalisations des études et sert également à contribuer à la réalisation des études économiques.
Au demeurant, le cadrage macroéconomique concerne la prévision et l’analyse de la situation économique globale d’un pays, tandis que le cadrage budgétaire se concentre sur la planification des recettes et des dépenses de l’Etat. Le cadrage macroéconomique sert de base pour définir les orientations stratégiques de l’Etat, alors que le cadrage budgétaire établit le budget annuel de l’Etat et assure sa cohérence avec les objectifs macroéconomiques.
C’est la substance d’un exposé présenté par le Chef de Cellule des Chapitres Communs, Jean Louis MANGA NDI, qui a donné quelques éclairages sur la question cruciale du cadrage budgétaire, une opération délicate et désormais incontournable dans le processus d’élaboration et de préparation du budget de l’État.
Lebudget est une prévision, ce qui revient à dire qu’il n’est pas possible de tout entrevoir exactement, toutes les dépenses et toutes les recettes. Préparer un budget, c’est anticiper des actes, des actions, des engagements avec des incertitudes plus ou moins élevées. Ceci, pour mieux réagir aux éventualités. Un cadre budgétaire désigne un ensemble de procédures, de mécanismes, de dispositions, de règles budgétaires, de restrictions et de responsabilités des acteurs impliqués dans le processus budgétaire, notamment des autorités chargées de conduire les politiques budgétaires du secteur des administrations.
Le cadrage budgétaire institué au Cameroun par la loi du 11 juillet 2018 portant Régime Financier de l’État (RFE) à son article 10 intègre plusieurs composantes qui fondent sa pertinence. Les différents outils de programmation pluriannuelle sont : le Plan Pluriannuel d’Investissement (PPI) qui a pour objectif, de guider les décisions d’investissement, de définir les priorités en fonction des besoins et des ressources disponibles ; le Cadre Budgétaire à Moyen Terme (CBMT) avec pour objectif, d’allouer les ressources, de définir les priorités de dépenses et assurer la cohérence entre les objectifs stratégiques et les contraintes financières ; le Cadre de Dépense à Moyen Terme (CDMT) détaille les dépenses par secteur d’activités ; le Plan de Travail Annuel (PTA) qui énumère les travaux à réaliser sur une année donnée et permet de suivre leur avancement ; le Plan de Passation des Marchés (PPM) qui planifie les achats et les marchés nécessaires à la réalisation des projets ; entre autres. Il existe des interactions entre les différents outils de programmation.
Plusieurs étapes et acteurs sont essentiels dans la programmation budgétaire, la définition des objectifs, la collecte et l’analyse des données, la prévision des revenus et des dépenses, l’élaboration du budget, et enfin, le suivi et le contrôle. Les acteurs clés sont les ministères, les directions générales, les comités de cadrage/DGB/DGEPIP. Les différents acteurs impliqués dans la programmation budgétaire peuvent être regroupés en deux grands groupes à savoir ceux impliqués dans l’élaboration et ceux impliqués dans l’exécution du budget. Aussi, en contexte de cadre budgétaire, le Tableau des Opérations Financières de l’Etat (TOFE) est un instrument fondamental. Il offre une présentation synthétique et exhaustive des opérations financières de l’Etat, incluant les recettes et les dépenses ainsi que les ressources de financement.
TOFE
S’agissant par ailleurs de la prévision des recettes fiscales, elle tient compte de l’élasticité fiscales qui équivaut au ratio pourcentage de variation des recettes fiscales/ pourcentage de variation de l’assiette fiscale. La prévision des recettes fiscales est égale au taux effectif d’imposition statutaire, prévision assiette fiscale. Le TOFE permet de suivre de manière exhaustive, les flux financiers liés à l’exécution du budget de l’État, en termes de recettes et de dépenses, ainsi que les opérations de financement. La trajectoire des finances publiques de 2022 à 2027 fait état de ce que le solde global (Réalisation) Réal 2022 était -1,1%, Réal 2023 : -0,6%, (Projection) Proj 2026, -1,0%, Proj 2027, -0,7%. Le solde référence Cemac 2022 : -3,0%, 2023 : -1,0%, 2024 : -0,7%, 2025 : -,3%, 2025 : +,1%, en 2027 : +0,0%. La pression fiscale en 2022 était de l’ordre 12,3%, en 2023 : 13,5%, en 2024 : 13,6%, en 2025 : 14,0%, en 2026 : 14,2%, en 2027 : 14,4%. Les dépenses publiques (hors service de la dette) en 2022 : 16,6%, en 2023 : 16,4%, en 2024 : 15,9%, en 2025 : 16, %, en 2026 : 15,4%, en 2027 : 15,3%.
Le ratio de soutenabilité de la masse salariale en 2022 était de l’ordre 38,4% en 2023 : 37,8%, en 2024 : 38, %, en 2025 : 38,4%, en 2026 : 36,6% , en 2027 : 35,2%. La dette publique était de 46,3% en 2022, 44,5% en 2023, 42,9% en 2024, 50,0% en 2025, 50,0% en 2026 et de 50,0% en 2027.
La démarche du TOFE effectue le calcul des dépenses totales, fait des estimations de référence, des estimations de la projection de référence, l’estimation de l’espace budgétaire, répartition de l’espace budgétaire entre les grandes natures de dépenses, la détermination des coûts des grandes natures de dépenses. Il faut relever que si l’espace budgétaire est négatif, une consolidation budgétaire est nécessaire. Ledit espace budgétaire a pour vocation, de financer des mesures (activités) nouvelles.
Dans un communiqué conjoint, le Ministre des Finances, Louis Paul MOTAZE et le Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme administrative, Joseph LE, portent à l’attention des agents publics bénéficiaires des avancements automatiques en janvier 2025, que le processus d’apurement de la dette salariale inhérente à tous les rappels liés aux mises à jour préalables à l’entrée en production du nouveau progiciel du personnel et de la solde (AIGLES) démarre dès le paiement de la solde de ce mois de juillet 2025.
Les ressources du budget de l’Etat mobilisées en 2024 s’établissent à 6 117,1 milliards dont 20,3 milliards des recettes de CAS, soit un taux d’exécution de 84,0%. S’agissant du budget général, ses ressources ont été mobilisée à hauteur de 6 096,8 milliards, soit une baisse de 97,5 milliards par rapport à l’exercice précédent, du fait de la diminution de la mobilisation des emprunts. Par composante, le taux de réalisation des recettes pétrolières est de 85,9%. Celui des recettes non pétrolières est de 99,4% dont 99,1% pour les recettes fiscales et 102,4% pour les recettes non fiscales. La mobilisation des emprunts s’est quant à elle située à 51,7%.
Les charges du budget de l’Etat se situent à 6 741,6 milliards soit un taux d’exécution de 92,6%. Les charges du budget général s’élèvent à 6 730,3 milliards, en augmentation de 292,9 milliards par rapport à 2023, sous l’effet de la hausse des dépenses courantes et des dépenses en capital, leur taux d’exécution étant de 93,3%. Par rubrique, les dépenses courantes hors intérêts de la dette enregistrent un taux d’exécution de 112,9%, les dépenses en capital et le service de la dette publique sont exécutées respectivement à hauteur de 82,7% et 71,7%. Les charges des CAS s’élèvent à 11,3 milliards, soit un taux d’exécution de 17,2% qui s’explique entre autres par la non-exécution dans le système d’information du CAS « Fonds spécial pour la reconstruction du Nord-Ouest, Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord ».
Il en résulte au final un déficit budgétaire de 478,7 milliards, soit 1,5% du PIB, en dessous de la prévision révisée de 137,9 milliards. Le déficit solde primaire quant à lui est de 81,3 milliards, soit 0,3% du PIB et celui du solde primaire non pétrolier est de 770,0 milliards (2,4% du PIB).
S’agissant du financement, lesbesoins de l’Etat se sont situés à 1 070,8 milliards ; ils ont été couverts par les prêts projets (574,9 milliards), les émissions de titres publics (317,6 milliards), les appuis budgétaires (120,5 milliards), le financement bancaire (49,2 milliards), et les DTS (8,6 milliards).