Ministère des Finances du Cameroun

LA DIRECTION GENERALE DU BUDGET

COPPE : L’État toujours engagé dans la lutte contre les « personnels fantômes »

Publié le : 4/12/25 1:04 PM

Dans le cadre d’une démarche visant à assainir les finances publiques et à optimiser la gestion des ressources humaines de l’État, l’Opération de Comptage Physique des Personnels de l’État (COPPE) continue de produire des résultats significatifs, témoignant d’une volonté gouvernementale affirmée dans la lutte contre les anomalies au sein de la fonction publique. Cette initiative, menée conjointement par le Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative (MINFOPRA) et le Ministère des Finances via la Direction Générale du Budget, a franchi des étapes cruciales, comme l’a souligné le Ministre Joseph Le lors de son passage devant les députés de l’Assemblée Nationale le 27 novembre 2025.

 Les révélations faites lors de cette session parlementaire mettent en lumière l’ampleur des irrégularités découvertes et l’efficacité de l’opération pour y remédier, notamment par un traitement rigoureux des dossiers disciplinaires et des radiations de personnel. La portée de cette opération de nettoyage du fichier solde dépasse la simple correction administrative ; elle se présente comme un pilier central de la gouvernance économique, de la transparence budgétaire et de la modernisation de l’administration publique camerounaise. L’enjeu de cette opération est d’une importance capitale pour les finances publiques du Cameroun. La présence d’« agents fantômes » ( des individus inscrits sur les listes de paie mais absents de leur poste) alourdit considérablement la part du budget de l’État consacrée à la masse salariale. Cette situation engendre une dépense inutile qui limite drastiquement les marges de manœuvre budgétaires disponibles pour d’autres priorités, notamment pour de nouveaux recrutements nécessaires au bon fonctionnement des services publics, ou pour l’investissement dans des secteurs stratégiques. Assainir la masse salariale permet de libérer des ressources précieuses, d’assurer que les fonds publics sont utilisés à bon escient et de renouveler les équipes avec des compétences adaptées aux besoins actuels

Lumière sur les chiffres de 2025

L’Opération de Comptage Physique des Personnels de l’État (COPPE), d’une importance capitale pour la santé financière du pays, a permis à ce jour de traiter plus de 8 000 dossiers disciplinaires. Cette démarche proactive dans l’identification et la sanction des irrégularités se traduit par des mesures concrètes et substantielles. Parmi le volume impressionnant de dossiers examinés, plus de 5 000 procédures disciplinaires ont été engagées. Ces procédures se répartissent stratégiquement : plus de 5 000 procédures visent spécifiquement des fonctionnaires, tandis que plus de 3 000 s’adressent à des agents de l’État relevant du Code du travail. Une catégorie plus restreinte, mais non moins importante, concerne 24 personnels relevant du régime de solde globale. Cette photographie précise de la masse salariale a déjà conduit à des économies substantielles, permettant au Cameroun de consolider ses efforts dans la lutte contre le phénomène des « personnels fantômes », un fléau qui a longtemps pesé sur les finances publiques sans contrepartie productive.

Les chiffres communiqués par le Ministre de la Fonction publique expriment la gravité de la situation : « à ce jour, 5 936 agents publics ont été radiés des effectifs de l’État ». Cette radiation massive n’est pas une mesure arbitraire, mais la conséquence directe d’une enquête approfondie sur les Présences et une gestion rigoureuse des fichiers du personnel. Elle se décompose en 2 965 fonctionnaires révoqués, une sanction disciplinaire suprême pour des manquements graves, et 2 971 agents de l’État relevant du Code du travail, qui ont été licenciés. Ces mesures disciplinaires s’inscrivent dans une politique gouvernementale plus large de nettoyage et de fiabilisation du fichier solde de l’État, une initiative indispensable pour rétablir l’équité et l’efficacité au sein de la fonction publique.

D’ailleurs, cette nouvelle vague de sanctions n’est pas un événement isolé. Elle prolonge la mise en œuvre de décisions antérieures ; en mars 2025, le même ministre avait déjà annoncé la révocation d’une première vague de 232 fonctionnaires. Ces actions concertées démontrent la persistance de l’engagement des autorités à assainir les effectifs, une mission qui a débuté concrètement avec le lancement de l’opération COPPE en 2018. L’objectif principal de cette opération initiée il y a plusieurs années est clair : fiabiliser le fichier solde de l’État et, par extension, assainir les effectifs de la fonction publique pour garantir une gestion plus saine des deniers publics.

Les données collectées par la COPPE révèlent des situations particulièrement préoccupantes. Il est rappelé qu’en juin 2022, le Ministre de la fonction publique avait déjà alerté sur le fait que 8 766 agents de l’État se trouvaient alors sous la menace d’un licenciement. À l’époque, des demandes d’explications formelles leur avaient été adressées afin qu’ils justifient leurs absences prolongées ou leur non-présentation à leur poste. Cependant, une grande partie de ces agents n’ont jamais répondu à ces sollicitations, laissant planer le doute : « Soit ils sont décédés, soit ils sont partis ailleurs. Nous avons l’obligation, soit de licencier en ce qui concerne les contractuels de l’administration, soit de révoquer s’agissant des fonctionnaires », avait expliqué le ministre. Cette absence de justification, face à un engagement de service public, contraint l’administration à prendre des mesures disciplinaires sévères. Les radiations déjà opérées, totalisant 5 936 agents, ne marquent pas la fin du processus de nettoyage du fichier solde. Au contraire, elles s’inscrivent dans un mouvement de fond et plus large d’assainissement des effectifs administratifs. Le processus reste dynamique, et il est probable que de nouvelles décisions disciplinaires soient prises à mesure que les dossiers encore en instance seront instruits et finalisés. L’administration démontre ainsi une application rigoureuse des règles et une volonté de fermeté face aux dysfonctionnements constatés.

Au-delà de la simple dimension disciplinaire des sanctions, le chantier COPPE engage fondamentalement la crédibilité de la dépense publique et l’efficacité de l’action de l’État. L’enjeu majeur et à long terme réside dans la capacité de l’administration à transformer concrètement ces radiations en économies effectivement constatables sur la masse salariale. Ces économies libérées devraient ensuite pouvoir être redéployées vers les secteurs prioritaires identifiés par le gouvernement, renforçant ainsi l’impact des dépenses publiques sur le développement national. La pleine réussite de l’opération COPPE dépendra invariablement, non seulement de la rigueur dans l’application des sanctions, mais surtout de la capacité de l’administration à pérenniser ces acquis. Cela implique de fiabiliser durablement son fichier solde, de moderniser les outils de suivi et de contrôle de la présence des agents, et d’articuler intelligemment cet assainissement des effectifs avec une stratégie de recrutement plus sélective, mieux planifiée et alignée sur les besoins réels de l’État et le développement des services publics.