Publié le : 17/07/25 3:37 PM
Au cœur des défis de la gestion publique, la compréhension des agrégats économiques et des mécanismes budgétaires s’impose comme une nécessité absolue pour l’efficacité des politiques menées au Cameroun.
Les indicateurs macroéconomiques sont les boussoles qui guident l’appréhension parfaite de la santé et de la dynamique d’une économie nationale. Ils permettent d’évaluer la performance globale, de décrypter les mécanismes sous-jacents, et, surtout, d’orienter les choix stratégiques des gouvernements, des institutions internationales, des investisseurs et des analystes conscients de leur rôle dans la prise de décisions. C’est pour accorder la compréhension de ces principes que la Direction Générale du Budget a procédé à un renforcement des capacités de ses personnels sur la question des indicateurs macroéconomiques et budgétaires.
L’objectif de cette formation était d’outiller les participants pour qu’ils deviennent des acteurs capables de tracer et d’analyser le circuit économique du revenu et de la dépense. Ce schéma conceptuel, fondamental, illustre les interconnexions entre les différents agents économiques et les flux qui les traversent, démontrant l’égalité primordiale entre production globale, revenu global et dépense globale.
Le Produit Intérieur Brut (PIB) : Mesure et Limites
Le Produit Intérieur Brut est souvent érigé en baromètre de la richesse nationale. Sa définition (la valeur monétaire de tous les biens et services finaux produits dans un pays au cours d’une période donnée) est complétée par la maîtrise de ses trois méthodes de mesure : approche par la production, par la dépense et par le revenu. Chacune offre un éclairage différent mais convergent vers une même réalité économique.
Cependant, le PIB, malgré son utilité, n’est pas sans défauts. Il ne capte pas la qualité de vie, négligeant des aspects cruciaux comme la santé, l’éducation ou la sécurité. Les activités non rémunérées (travail domestique, bénévolat) ou issues de l’économie informelle sont souvent sous-évaluées ou exclues. Pire, les catastrophes naturelles, les guerres ou les accidents, bien que générant des dépenses curatives substantielles qui gonflent le PIB, peuvent simultanément dégrader le bien-être collectif. De même, une production fortement polluante ou consommatrice de ressources n’en sera que plus valorisée par le PIB, sans que le coût écologique ne soit directement reflété.
Pour juguler ces lacunes, la comptabilité nationale introduit des agrégats de revenu supplémentaires. Le Revenu National Brut (RNB) qui élargit la perspective en incluant les revenus reçus par les résidents nationaux de l’étranger ; le Revenu National Brut Disponible (RNBD) qui va plus loin en intégrant les transferts courants nets reçus de l’extérieur, offrant ainsi une mesure plus précise des ressources disponibles pour la consommation et l’épargne nationale ; l’épargne nationale brute devient alors le résidu, le potentiel d’investissement pour l’avenir.
La distinction entre PIB nominal et PIB réel est également cruciale. Le PIB nominal suit la valeur des biens et services aux prix courants, dont l’évolution peut être due à l’inflation. Le PIB réel, corrigé de l’effet des prix, mesure quant à lui, le volume réel de la production. Le calcul des taux de croissance du PIB et du PIB par habitant permet d’apprécier l’évolution du niveau de vie et de productivité par individu.
L’Inflation et la Mesure des Prix
Définie comme l’augmentation générale et soutenue des prix, l’inflation est essentielle pour préserver le pouvoir d’achat. La compréhension de la différence entre l’Indice des Prix à la Consommation (IPC), qui mesure l’évolution des prix d’un panier de biens et services consommés par les ménages, et le déflateur du PIB, qui reflète l’évolution des prix de tous les biens et services produits dans l’économie, est indispensable pour interpréter correctement les variations de prix et mener une politique monétaire cohérente.
Le Rôle de l’Administration Publique et les Flux Financiers
Dans ce tableau économique, l’administration publique joue un rôle moteur en fournissant des biens publics (éducation, santé, infrastructures, protection sociale), financés par l’impôt (T). Souvent en déficit (G > T), elle doit emprunter sur les marchés financiers pour couvrir la différence. Le secteur extérieur, par ses échanges de biens et services avec les non-résidents, présente également des soldes significatifs. Selon l’Expert Mendouga de la DGB, les exportations nettes (NX) positives impliquent la vente de davantage de biens à l’étranger qu’ils n’en achètent sur le plan national. La partie déficitaire du secteur extérieur, s’il emprunte plus à l’étranger qu’il n’en prête, doit être financée par des flux financiers internationaux.
Le marché financier se positionne ainsi comme le lieu névralgique où entreprises, administrations publiques et agents extérieurs se côtoient pour financer leurs investissements ou leurs déficits, tandis que les ménages y placent leur épargne. Les institutions financières (banques, sociétés de bourse, fonds de pension, assurances) assurent la précieuse médiation entre ces acteurs.
Indicateurs Budgétaires : Bâtir la Stabilité
Enfin, la maîtrise des principaux indicateurs budgétaires (déficit budgétaire, dette publique, recettes fiscales, dépenses publiques) est le corollaire de la bonne compréhension des agrégats macroéconomiques pour une gestion financière saine et durable de l’État. Ils permettent d’évaluer la soutenabilité des finances publiques et de piloter la politique budgétaire dans une perspective de stabilité macroéconomique et de croissance inclusive. En maîtrisant ces outils, la Direction Générale du Budget renforce son rôle pilote dans la construction d’une économie résiliente et prospère.